Question posée à EG :
Notre collège fonctionne plutôt bien. Nous souhaitons qu’il continue d’exister. Mais la procédure d’expérimentation n’est pas évidente et elle prépare des perspectives pas vraiment réjouissantes. Pourquoi risquer de rigidifier pour l’avenir ce qui aujourd’hui se passe assez bien ?
Ce type d’interrogation est assez répandu, même chez ceux qui sont favorables à l’expérimentation. Il faut donc examiner les raisons de jouer le jeu de l’expérimentation, d’autant que des collègues peuvent soupçonner une obscure manœuvre de l’administration ou une volonté de pouvoir de certains.
- D’un point de vue « progressiste », les perspectives ouvertes par l’administration sont une avancée considérable et encore sous-évaluée par les psychologues. En rendant possible une instance collégiale regroupant les psychologues, comme la CME regroupe les médecins, et comme la Commission de Soins Infirmiers regroupe les auxiliaires médicaux, cela ouvre en milieu hospitalier une troisième filière, ni médicale, ni paramédicale, mais psychologique. C’est la logique du positionnement des psychologues hospitaliers depuis la fin des années 1970.
- D’un point de vue plus « défensif », il faut prendre la mesure de la place réservée aux psychologues dans l’évolution de l’hôpital en général et de la psychiatrie en particulier. En effet, de multiples propos politiques sur l’hôpital – la loi HPST, le rapport Couty sur la psychiatrie de 2009, le plan de santé mentale 2011/2015, le rapport du sénateur Milon sur les prises en charges psychiatriques de 2012, les travaux de la mission de l’Assemblée Nationale sur l’avenir de la santé mentale et de la psychiatrie… – non seulement font l’impasse sur les services rendus par les psychologues, mais de surcroît préconisent l’éducation thérapeutique, un master professionnel pour les infirmiers de psychiatrie et un recentrage sur les prises en charges médicales. Il est donc nécessaire, voire indispensable, que pour leur avenir en psychiatrie et à l’hôpital, les psychologues prennent la responsabilité de s’occuper de leur exercice professionnel et prennent la responsabilité de le faire exercer au sein des établissements auxquels ils apportent leur contribution.
Conclusion
Participer à l’expérimentation exige un travail de réflexion, d’élaboration et de proposition de la par des psychologues, ainsi que de concertation avec leurs partenaires hospitaliers, CME, DRH, Direction, CTE, … Animer un collège reconnu obligera à contribuer aux projets de pôles et d’établissement, à participer d’une façon ou d’une autre à l’évaluation et au recrutement, à faire des propositions, à s’impliquer dans la régulation du fonctionnement collectif… Toutes choses qui pourraient s’assimiler au prix à payer pour la reconnaissance de l’autonomie disciplinaire des psychologues dans un espace majeur du domaine de la santé.