Non à la FFPP, qui prétend représenter les psychologues en France et décider à ce titre de leur avenir aux niveaux national et européen.
Elle ne peut prétendre jouer ce rôle sans y avoir été habilitée par l'ensemble de la profession et non seulement par quelques uns.
Au niveau national, elle ne peut prétendre représenter la profession et décider pour elle d'orientations décisives pour son avenir, (voir les discussions en cours au niveau ministériel, relatives au nouveau cursus (LMD) , à l'intitulé des futurs masters, au domaine de référence de la psychologie, qui pourrait quitter les Sciences Humaines, de discussions relatives au remaniement de la loi de 1985 qui toucheront aux modalités d'accès au titre de psychologue etc ...).
Au niveau européen, non pour que la FFPP représente la France auprès de l'EFPA, ce qu'elle vise également.
L'EFPA prétend proposer un cursus européen aux psychologues.
C'est un cursus où la psychanalyse n'apparaît à aucun moment, ni comme théorie prise en compte en psychologie, ni comme théorie de référence extérieure.
Alors qu'elle est un choix possible de mode d'approche du symptôme par un psychologue.
Apparait par contre une logique marchande.
Ainsi en ce qui concerne "la recherche et le développement" il s'agira de "développer de nouveaux produits et services avec un potentiel auprès de futurs clients, générant de nouveaux marchés". Au niveau du "marché et de la vente" ( "marketing and sales") "d'attirer l'attention sur de nouveaux produits et services auprès des clients, de faire des offres, d'identifier les opportunités pour développer les affaires"... ( voir page 32, de la version "European Diploma in Psychology, version é,7, Octobre 2003, consultable sur le site de l'AEPU).
Les notions de sujet, d'écoute, de transfert, de temps pour voir, saisir, comprendre, d'acte, disparaissent au profit de critères , de méthodes, d'apprentissages en vue de la maîtrise.
Le fou disparait, apparaissent uniquement des troubles mentaux.
Ce alors que le futur enseignement européen se prétend varié, multiple, "aucune théorie ou méthode ne pouvant prétendre résoudre les difficultés auxquelles le psychologue se trouve confronté"...
Les Entretiens sont d'autant plus importants qu'ils prétendent être "une vitrine de la profession" (site de Paris 5) et présenter l'état des savoirs et les innovations.
Ils représentent le premier pas d'un engrenage.
Je citerai ici Jean Cottraux, ancien Président de l'Association européenne de thérapie comportementale et cognitive : "les techniques de vendeur, ou comment faire adhérer" la psychologie de l'engagement a été étudiée par les psychosociologues. Les résultats de ces travaux s'appliquent aussi bien aux techniques de vente qu'à l'adhésion à un parti politique, à un club, une religion, une secte, etc ...
Engager quelqu'un consiste à établir un lien constant entre une personne et ses actes. L'engagement présente des degrés divers et ne se fait pas sur le mode du tout ou rien : il est recommandé au "vendeur" de respecter l'illusion de liberté du "client"; la meilleure soumission est la soumission consentie, car l'engagement est lié au fait que l'individu s'assimile à son acte.
Un certain nombre de techniques sont recommandées, en particulier l'amorçage par un comportement préliminaire en apparence anodin ... Ce comportement n'est qu'un prélude et engage le client, qui n'est pas conscient de la finallité de cette préparation, vers des conduites plus complexes. Une fois le pied glissé dans la porte, le vendeur va persévérer vers des demandes implicites puis explicites...(in La répétition des scénarios de vie, pages 112-113).
Il s'agit avec "Les Entretiens de Psychologie" de prétendre rassembler la profession, de "glisser le pied dans la porte".
De présenter, avec les études qui vont être faites et surtout avec les commentaires qui vont les accompagner, "La Psychologie en France" (avec majuscules), de rassembler, de fait, professionnels et chercheurs.
A partir de quoi sera entériné le principe de représentation de la profession par la FFPP.
C'est pourquoi il est pour moi essentiel de ne pas y être, mais au contraire d'être ailleurs.
Marie-Hélène Bigot
Assoc. Psychologues Freudiens
Avril 2004