Le rapport fait une synthèse sur les rapports et dispositifs précédents qu'il définit comme " bilan décevant " sur tous les plans, l'organisation même, l'insuffisance des moyens... et propose, lui, une meilleure tactique : la " renovation " et l' " intégration ".
Celle-ci est basé sur les difficultés constatées, comme " les populations oubliées ", des délais d'attente de la première consultation trop longs, la nostalgie de ré-union avec le somatique, de la réunion avec le médico-social, des moyens inégaux et limités, une recherche floue...
Il propose alors du déjà-vu :
- au niveau de l'organisation, un ancrage territorial, la mise en commun avec le secteur privé, l'intersectorialité
- au niveau de la prise en charge, la centralisation autour du médecin généraliste (lui ajouter la formation en psychiatrie), l'extension à la prise en charge de maladies somatiques, l'extension vers le travail social (logements, insertion... ) et la prise en charge des détenus atteints de troubles psychiatriques
- au niveau des moyens, il s'agit d'améliorer surtout le partage des tâches et améliorer la formation dans ce sens et développer la recherche
Les nouveautés ?
La notion de " pré-entretien ". Qu'est-ce ? Il permet une orientation du patient et précède, comme le dit le rapport, la prise en charge ultérieure. Parce-que l'entretien ne peut être considéré en tant que tel qu'effectuer par un médecin, naturellement. Ce pré-entretien est effectué par un infirmier ou un psychologue.
Rajouter une assistance téléphonique auprès d'un service psychiatrique en destination des professionnels de santé (dixit médecine du travail, institution d'aide sociale et de travail social...).
- Etc.
Et les moyens ? Ils seront " adaptés ", dit le rapport.
En premier lieu, reconnaître le rôle des psychologues cliniciens en prévoyant le remboursement par l'assurance maladie, le rôle des infirmiers, des généralistes. Reconnaître le rôle veut-il dire augmentation de moyens financiers ?
En ce qui concerne le psychologues plus particulièrement, nous apprenons que d'après l'étude de l'IRDES les secteurs franciliens comportent pour 100.000 habitants " 16 équivalents temps plein (ETP) de psychiatres, 99 ETP d’infirmiers et 9 ETP de psychologues
dans le secteur bien doté de classe 6 " (dotés en termes de personnel médical) " contre 9 ETP de psychiatres, 54 ETP d’infirmiers et 5 ETP de psychologues pour le secteur peu doté de classe 9 " (faiblement dotés en personnel médical d'orientation somatique).
Un paragraphe (page 44) est destiné à " La place des psychologues " :
On y apprend que le psychiatre établi un diagnostic médical et le psychologue un diagnostic psychologique. Une vraie découverte ! Ainsi, selon docteur Piernik Cressard, membre de la section clinique et déontologie de l'Ordre national des médecins, le premier JUGE du FONCTIONNEMENT de l'esprit et le psychologue (son second) S'OCCUPE du DÉSORDRE de l'esprit. Voilà qui est intelligemment dit. L'un est dans le jugement et l'autre dans l'occupationnel. Le premier explique comme cela fonctionne pour que son second puisse s'occupe de ce qui dysfonctionne.
Le rapporteur souligne tout de même qu'au sein de ce métier (du psychologue) existent plusieurs professions, selon le lieu d'exercice et selon l'appartenance, si l'on essaye de comprendre les propos du rapport, nous citons :
- les psychologues de la fonction publique hospitalière qui ont deux fonctions : clinique et formation/recherche, réalisent surtout des expertises cliniques et des actes de psychothérapie ;
- d'autres psychologues dans des établissements de santé publics ou privés ou dans des structures médico-sociales sans pour autant appartenir au personnel médical ou paramédical, titulaires, eux, d'un diplôme de sciences humaines en psychologie clinique et en psychopathologie.
Et puis, c'est de par leur accompagnement d'autres professionnels de la santé ou du secteur social qu'ils peuvent jouer un rôle important.
Nous apprécions l'intervention de M. Bernard ACCOYER, plus claire : "... Pour les psychologues cliniciens, le travail du Parlement, engagé à mon initiative et qui a duré onze ans, a permis enfin de clarifier les choses concernant les psychothérapeutes autoproclamés. Les psychologues cliniciens sont des professionnels qualifiés qui ont fait des études longues et particulièrement sérieuses. Mais les psychothérapeutes autoproclamés sont revenus s’établir en dehors des règles. On peut ainsi voir dans les pages jaunes des annuaires la formule « pratique de psychothérapie hors réglementation ». Pourquoi, dès lors, ne pas autoriser l’intitulé « pratique de la chirurgie hors cadre réglementaire » ? Nous pourrions, madame la présidente, monsieur le rapporteur, nous saisir de cette question, afin que les pages jaunes ne continuent pas à exposer des Français ressentant le besoin d’une prise en charge ou d’une aide face à une faiblesse ressentie qu’ils jugent momentanée et ne justifiant pas la consultation d’un psychiatre, qui fait peur, tout en dépassant le médecin généraliste, à des perspectives dangereuses pour eux et pour la société... "
qui a permis une réponse du rapporteur qui reste toutefois dans l'idée de délégation du médecin au psychologue quant à la psychothérapie, d'où la possibilité de remboursement par l'assurance maladie : "... J’adhère aux propos tenus par le président Accoyer sur les psychologues cliniciens. Ce sont de véritables professionnels qui accomplissent aujourd’hui un travail dans les institutions pour lequel ils ne sont pas nécessairement reconnus, puisqu’ils le font parfois par délégation. Nous avons donc posé la question, peut-être une des plus polémiques, de la prise en charge par l’assurance maladie des psychothérapies qu’ils dispensent. Si nous voulons un développement du secteur ambulatoire et sortir du « tout hôpital », la question devra être posée. Il conviendra d’évaluer les coûts supplémentaires mais aussi les économies rendues possibles. Il m’a donc semblé que, sur la ré-articulation des professionnels, un assez large consensus pouvait aussi s’établir. "
Vous demandez une courte analyse du rapport ?
Un rapport qui a pris beaucoup de temps, de nombreuses auditions tout à fait intéressante, mais qui malheureusement ne peut émerger de cette fixation dans l'immobilité qui traverse la question de la psychiatrie depuis quelques années.
Non, il n'invente rien, il ne révolutionne rien, nous y regrettons le souffle des propositions de Couty... Que faire donc de cette psychiatrie française qui traîne lourdement ses pattes derrière les prérogatives européennes ? A l'ouest, rien de nouveau.
Mais, en ce qui concerne la profession du psychologue, ce dernier devrait être très attentif aux suites données. Si nous lisons entre les lignes, une idée peut surgir avec deux types de psychologues qui devront choisir entre l'autonomie et l'argent. L'autonomie pour ceux qui relèvent des sciences humaines, la paramédicalisation pour ceux qui souhaitent le remboursement par l'assurance maladie, donc la psychothérapie sur prescription médicale.
Pourtant, le rapport Couty proposait d'autres solutions, plus intéressantes pour différents professionnels, à travers la notion des missions... Mais, il est certainement dans un placard au fond du Ministère...
Affaire à suivre...
Lire le rapport sur le site de l'Assemblée nationale.
Plan santé mentale OMS
Pour en savoir plus, LIRE cet article.
Difficultés d'expression de positions claires
D'où l'impossibilité de la clarté des propos.
Mais, passons... juste un intermède qui ne concerne qu'une petite partie des concernés.
Réactions au rapport
Il propose justement de « repenser le soin psychique, la formation, la recherche et les moyens à l’aune de ce qu’il se passe concrètement sur le terrain ».
Il critique la « surspécialisation du champ psychiatrique, telle qu’elle est recommandée dans le rapport, force est de constater qu’elle est une des causes du morcellement des prises en charge. Sous couvert d’une expertise plus grande, la parcellisation des soins est accrue... il serait plus aviser de soutenir les interventions généralistes et globales centrées sur la personnes et non sur des troubles ou sur des problématiques spécifiques », ainsi que le désir d’assimiler la psychiatrie à la seule spécialité médicale.
Il salue « le rappel qui est fait concernant l’importance du rôle des psychologues cliniciens dans la pratique quotidienne alors qu’ils constituent sur le terrain les premières variables d’ajustement dans le budget des hôpitaux ».
Néanmoins, la critique est aussi non-inventive que le rapport lui-même.
L'Ordre national des infirmiers approuve la revalorisation du rôle des infirmiers en psychiatrie et " propose de faire des infirmiers le pivot des prises en charge en santé mentale ", notamment en tant que premiers évaluateurs et d'organiser, à cette fin, une orientation spécifique de leur formation initiale et continue, mais aussi de développer une dynamique de recherche en sciences.
Le Syndicat national des psychologues (SNP) « salue la publication du rapport » et se dit " satisfait « de voir enfin figurer dans un rapport parlementaire la profession de psychologue et mentionner le travail incontournable qu'ils réalisent depuis de nombreuses années dans le domaine de la santé mentale et de la psychiatrie ».
Il salue peut-être un peu vite que le diagnostic, la place non-paramédicale et l’appartenance aux sciences humaines soit enfin reconnue (voir nos critiques ci-dessus). La reconnaissance de ces points ne devraient pourtant pas nous réjouir puisqu’il ne s’agit que de faits découlant de la formation du psychologue et donc non seulement reconnus mais exigés par le milieu académique.
Il donne son soutien à une loi définissant les missions des psychologues dans le système de santé et à la possibilité de remboursement des « certains » actes (lire : les psychothérapies) par la sécurité sociale, comme pour les psychiatres jusqu’à « nous invitons les parlementaires à inscrire dans la future loi de santé publique les avancées concernant la place des psychologues ».
En définitive, le SNP propose la création d’une loi qui instaurerai un ordre professionnel des psychologues.
Il est difficile alors de comprendre le cheminement de cette logique : une loi portant sur la psychiatrie qui intégrerait la place des psychologues qui interviennent dans le domaine de la santé, dont seuls certains actes seraient remboursés, voire les psychothérapies. Puis, (dans cette même loi ?) l’instauration d’une instance ordinale.
Quid du neuropsychologue ? Quid du psychologue du travail ? Quid du psychologue scolaire ?
Bref, le communiqué du SNP ne critique nullement aucun point du rapport, manque de visibilité globale sur la question de la psychiatrie et ne semble pas avoir une position claire quant à une instance. A moins que la profession fasse fi du titre unique, crée un titre de psychologue clinicien et fasse fi aux autres psychologues. Est-ce cela le propos ? Difficile à comprendre...
A notre connaissance, il n'y a pas eu de réactions de la part du Syndicat des psychiatres français et de l'Association de psychiatrie française.