René GIRARD a été élu à l'Académie française à la place laissée vacante par la mort du R.P. Carré, le 17 mars 2005 et il y a été reçu le 15 décembre dernier.
Pour lire son discours à l'Académie ce jour là, cliquez sur le lien : Discours R. Girard
et le discours de retour prononcé par M. Michel Serres : Discours Serres
"... Eh bien le lien, c'est que le désir de Don Quichotte n'est jamais vraiment spontané, Don Quichotte se précipite sur les moulins à vent parce qu'il pense qu'Amadis de Gaule à sa place aurait fait la même chose, donc il imite le désir d'un autre qui, dans ce cas-là, n'est pas un rival puisqu'il n'existe pas, mais un modèle de désir .
J'ai distingué à ce moment-là deux types de désirs mimétiques : le désir sans rival parce qu'il n'y a pas de contact entre le modèle et l'imitateur, et le désir qui suscite la rivalité parce qu'il est directement empreint de l'objet du rival, désir de l'objet du rival, désir de la même femme, désir du même territoire, désir de la même nourriture, désir des mêmes objets, n'est-ce pas ?"
LA BIOGRAPHIE DE RENÉ GIRARD
Après avoir fait l'Ecole des Chartes, René Girard s'installe aux Etats-Unis en 1947. Il enseigne notamment à Stanford, dans la prestigieuse université californienne, où il s'occupe du département consacré à la langue, à la littérature et à la civilisation française. Auteur de nombreux livres, comme 'Mensonge romantique et vérité romanesque' en 1961 et 'Des choses cachées depuis la fondation du monde' en 1978, il est pourtant peu connu en France mais ses ouvrages sont très appréciés aux Etats-Unis. La théorie du philosophe chrétien s'inspire des écritures saintes et des nombreux auteurs classiques qu'il a lus, de Stendhal à Dostoïevski, en passant par Proust. Selon lui, l'homme est un être violent, désirant les désirs des autres, ce qu'il appelle le "désir mimétique" : "c'est toujours en imitant le désir de mes semblables que j'introduis la rivalité dans les relations humaines et donc la violence". René Girard voit dans la religion une tentative de mettre fin à cette violence inhérente à l'homme.
Il a reçu en 1990 le prix Médicis, récompensant les essais, pour son livre 'Shakespeare, les feux de l'envie'.
Quelques titres de ses livres :
Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset, 1961
Dostoïevski, du double à l'unité, Plon, 1963
La violence et le sacré, Grasset 1972
Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978
Le bouc émissaire, Grasset, 1982
La route antique des hommes pervers, Grasset, 1985
Shakespeare, les feux de l'envie, Grasset, 1990
Je vois satan tomber comme l'éclair, Grasset, 1999
Celui par qui le scandale arrive, Desclée de Brouwer, 2001 (parution prévue en Hachette, Poches en 2006)
La voix méconnue du réel. Une théorie des mythes archaïques et modernes. Paris, Grasset, 2002
Le sacrifice. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2003. Recueil de conférences prononcées en octobre 2002 à la Bibliothèque nationale de France.
Les origines de la culture. Paris, Desclée de Brouwer, 2004.
La violence et le sacré, Grasset, 1972
Les hypothèses mises en lumière à partir du romanesque dans MRVR peuvent-elles être retrouvées dans les textes les plus anciens de l'humanité ? Prenant appui sur la tragédie grecque, René Girard va dégager l'identité entre violence et mimésis. Dès lors, comment les hommes ont-ils pu échapper à la circularité exponentielle et destructrice de la vengeance ? La réponse de René Girard est sans équivoque : en retournant la violence collective née d'une crise paroxistique des différences sur un seul, la victime émissaire et en investissant cette dernière, à la fois de la responsabilité de la crise et de sa résolution, créant ainsi l'ambivalence du sacré. Ouvrage bien entendu incontournable puisque Girard nous y propose une explication simple de la création de l'humanité par elle-même, tout en dégageant deux nouvelles hypothèses riches de développements futurs : la crise sacrificielle et le principe de méconnaissance, qui conditionne l'efficacité du mécanisme victimaire.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978
Ce livre d'entretiens est d'abord un complément de l'anthropologie développée dans VS. René Girard revient sur les aspects les plus contestés de sa théorie générale de la culture, éclairant ainsi certains passages de La violence et le Sacré, ouvrant également de nouvelles voies aux hypothèses mimétiques. Il est aussi le livre dans lequel René Girard entend démontrer la spécificité du message évangélique, longuement préparé par l'Ancien Testament. La prédication du Christ serait la seule à avoir dévoilé l'origine violente de l'humanité et sa perpétuation culturelle. L'échec de la prédication et la Passion, qui sacrifie le plus innocent de tous, ouvrirait la voie à la lente connaissance de la méconnaissance du mécanisme victimaire. A mon avis, c'est un livre extrêmement difficile, susceptible de perturber gravement des lecteurs qui n'auraient pas pris le soin de lire et comprendre au prélable MRVR et VS.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Le Bouc émissaire, Grasset, 1982
En étudiant les textes dits "de persécution", René Girard montre le lent travail de décomposition de la méconnaissance imputable selon lui à la révélation évangélique. Dans ses premiers chapitres, c'est un ouvrage extrêmement polémique, où Girard répond à un certain nombre de critiques apparues à la lecture de VS mais surtout de DCC. En cela, Le Bouc émissaire qui, pour beaucoup, a été le point d'entrée dans l'œuvre de René Girard, me paraît être un livre susceptible de faire passer le lecteur à côté de l'essentiel si l'on commence par lui. Ceci explique peut-être, en grande partie, l'orientation des intérêts et débats actuels vers la seule problématique évangélique, au détriment du travail théorique accompli dans MRVR et VS.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
La Route antique des hommes pervers, Grasset, 1985
René Girard déconstruit l'histoire de Job telle qu'elle nous a été rapportée par la Bible. Sa nouvelle lecture permet de mettre en lumière les composantes désormais classiques de la crise sacrificielle et de la victime émissaire. L'histoire de Job est exemplaire car celui-ci, victime émissaire dans une situation assez semblable à celle d'Œdipe, refuse d'épouser le discours de ses persécuteurs, brisant ainsi l'unanimité violente indispensable à l'efficacité du mécanisme victimaire. Par la "réévaluation" de cette figura Christi, incomprise dès l'origine par des chercheurs qui sont une nouvelle fois malmenés par notre auteur, René Girard réaffirme la spécificité du message judéo-chrétien dans ce nouvel affleurement d'un Logos non violent, celui du Dieu des victimes.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Sources : http://www.evene.fr
http://www.cottet.org
Pour savoir plus sur R. Girard :
Présentation Girard 1
Présentation Girard 2
Présentation Girard Agora
Présentation Girard Nordnet
Textes en ligne
Are the Gospels Mythical?, First Things, no 62, avril 1996, p. 27-31. Are the Gospels Mythical?
Interview with René Girard, par Markus Müller, Department of French, UCLA (Anthropoetics II, no 1, juin 1996) : Interview par M. Müller
Vers une anthropologie de la frontière. Entretien avec René Girard. Propos recueillis par Marie-Louise Martinez (le 31 Mai 1994 au CIEP à Sèvres) : Interview par Marie-louise Martinez
Décembre 2005
Pour lire son discours à l'Académie ce jour là, cliquez sur le lien : Discours R. Girard
et le discours de retour prononcé par M. Michel Serres : Discours Serres
"... Eh bien le lien, c'est que le désir de Don Quichotte n'est jamais vraiment spontané, Don Quichotte se précipite sur les moulins à vent parce qu'il pense qu'Amadis de Gaule à sa place aurait fait la même chose, donc il imite le désir d'un autre qui, dans ce cas-là, n'est pas un rival puisqu'il n'existe pas, mais un modèle de désir .
J'ai distingué à ce moment-là deux types de désirs mimétiques : le désir sans rival parce qu'il n'y a pas de contact entre le modèle et l'imitateur, et le désir qui suscite la rivalité parce qu'il est directement empreint de l'objet du rival, désir de l'objet du rival, désir de la même femme, désir du même territoire, désir de la même nourriture, désir des mêmes objets, n'est-ce pas ?"
LA BIOGRAPHIE DE RENÉ GIRARD
Après avoir fait l'Ecole des Chartes, René Girard s'installe aux Etats-Unis en 1947. Il enseigne notamment à Stanford, dans la prestigieuse université californienne, où il s'occupe du département consacré à la langue, à la littérature et à la civilisation française. Auteur de nombreux livres, comme 'Mensonge romantique et vérité romanesque' en 1961 et 'Des choses cachées depuis la fondation du monde' en 1978, il est pourtant peu connu en France mais ses ouvrages sont très appréciés aux Etats-Unis. La théorie du philosophe chrétien s'inspire des écritures saintes et des nombreux auteurs classiques qu'il a lus, de Stendhal à Dostoïevski, en passant par Proust. Selon lui, l'homme est un être violent, désirant les désirs des autres, ce qu'il appelle le "désir mimétique" : "c'est toujours en imitant le désir de mes semblables que j'introduis la rivalité dans les relations humaines et donc la violence". René Girard voit dans la religion une tentative de mettre fin à cette violence inhérente à l'homme.
Il a reçu en 1990 le prix Médicis, récompensant les essais, pour son livre 'Shakespeare, les feux de l'envie'.
Quelques titres de ses livres :
Mensonge romantique et vérité romanesque, Grasset, 1961
Dostoïevski, du double à l'unité, Plon, 1963
La violence et le sacré, Grasset 1972
Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978
Le bouc émissaire, Grasset, 1982
La route antique des hommes pervers, Grasset, 1985
Shakespeare, les feux de l'envie, Grasset, 1990
Je vois satan tomber comme l'éclair, Grasset, 1999
Celui par qui le scandale arrive, Desclée de Brouwer, 2001 (parution prévue en Hachette, Poches en 2006)
La voix méconnue du réel. Une théorie des mythes archaïques et modernes. Paris, Grasset, 2002
Le sacrifice. Paris, Bibliothèque nationale de France, 2003. Recueil de conférences prononcées en octobre 2002 à la Bibliothèque nationale de France.
Les origines de la culture. Paris, Desclée de Brouwer, 2004.
La violence et le sacré, Grasset, 1972
Les hypothèses mises en lumière à partir du romanesque dans MRVR peuvent-elles être retrouvées dans les textes les plus anciens de l'humanité ? Prenant appui sur la tragédie grecque, René Girard va dégager l'identité entre violence et mimésis. Dès lors, comment les hommes ont-ils pu échapper à la circularité exponentielle et destructrice de la vengeance ? La réponse de René Girard est sans équivoque : en retournant la violence collective née d'une crise paroxistique des différences sur un seul, la victime émissaire et en investissant cette dernière, à la fois de la responsabilité de la crise et de sa résolution, créant ainsi l'ambivalence du sacré. Ouvrage bien entendu incontournable puisque Girard nous y propose une explication simple de la création de l'humanité par elle-même, tout en dégageant deux nouvelles hypothèses riches de développements futurs : la crise sacrificielle et le principe de méconnaissance, qui conditionne l'efficacité du mécanisme victimaire.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978
Ce livre d'entretiens est d'abord un complément de l'anthropologie développée dans VS. René Girard revient sur les aspects les plus contestés de sa théorie générale de la culture, éclairant ainsi certains passages de La violence et le Sacré, ouvrant également de nouvelles voies aux hypothèses mimétiques. Il est aussi le livre dans lequel René Girard entend démontrer la spécificité du message évangélique, longuement préparé par l'Ancien Testament. La prédication du Christ serait la seule à avoir dévoilé l'origine violente de l'humanité et sa perpétuation culturelle. L'échec de la prédication et la Passion, qui sacrifie le plus innocent de tous, ouvrirait la voie à la lente connaissance de la méconnaissance du mécanisme victimaire. A mon avis, c'est un livre extrêmement difficile, susceptible de perturber gravement des lecteurs qui n'auraient pas pris le soin de lire et comprendre au prélable MRVR et VS.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Le Bouc émissaire, Grasset, 1982
En étudiant les textes dits "de persécution", René Girard montre le lent travail de décomposition de la méconnaissance imputable selon lui à la révélation évangélique. Dans ses premiers chapitres, c'est un ouvrage extrêmement polémique, où Girard répond à un certain nombre de critiques apparues à la lecture de VS mais surtout de DCC. En cela, Le Bouc émissaire qui, pour beaucoup, a été le point d'entrée dans l'œuvre de René Girard, me paraît être un livre susceptible de faire passer le lecteur à côté de l'essentiel si l'on commence par lui. Ceci explique peut-être, en grande partie, l'orientation des intérêts et débats actuels vers la seule problématique évangélique, au détriment du travail théorique accompli dans MRVR et VS.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
La Route antique des hommes pervers, Grasset, 1985
René Girard déconstruit l'histoire de Job telle qu'elle nous a été rapportée par la Bible. Sa nouvelle lecture permet de mettre en lumière les composantes désormais classiques de la crise sacrificielle et de la victime émissaire. L'histoire de Job est exemplaire car celui-ci, victime émissaire dans une situation assez semblable à celle d'Œdipe, refuse d'épouser le discours de ses persécuteurs, brisant ainsi l'unanimité violente indispensable à l'efficacité du mécanisme victimaire. Par la "réévaluation" de cette figura Christi, incomprise dès l'origine par des chercheurs qui sont une nouvelle fois malmenés par notre auteur, René Girard réaffirme la spécificité du message judéo-chrétien dans ce nouvel affleurement d'un Logos non violent, celui du Dieu des victimes.
Par Ph. Cottet : http://www.cottet.org/girard/gbiblio.htm
Sources : http://www.evene.fr
http://www.cottet.org
Pour savoir plus sur R. Girard :
Présentation Girard 1
Présentation Girard 2
Présentation Girard Agora
Présentation Girard Nordnet
Textes en ligne
Are the Gospels Mythical?, First Things, no 62, avril 1996, p. 27-31. Are the Gospels Mythical?
Interview with René Girard, par Markus Müller, Department of French, UCLA (Anthropoetics II, no 1, juin 1996) : Interview par M. Müller
Vers une anthropologie de la frontière. Entretien avec René Girard. Propos recueillis par Marie-Louise Martinez (le 31 Mai 1994 au CIEP à Sèvres) : Interview par Marie-louise Martinez
Décembre 2005