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Univ Nice - danger pour la psychologie clinique


Rédigé le Mercredi 5 Mai 2004 à 00:00 | Lu 4718 commentaire(s)



Message de W. GONTRAN

Nous nous transmettons le message de W. Gontran :

Chers amis, chers collègues,

Je vous transfère un communiqué qui attire notre attention sur la situation de la psychologie à l'université de Nice : la réforme de l'université ( LMD - harmonisation européenne des diplômes nommée Licence-Master-Doctorat ) semble l'occasion d'une tentative de mettre au rencart la psychologie clinique. Mais est-ce une surprise ?

Je viens d'avoir M. Foulley au téléphone (représentant étudiant et assesseur à la Faculté de psychologie de Nice) qui m'informe que suite à une grève des étudiants avec occupation des locaux cette semaine, les experts ont commencé à réviser leurs avis défavorables au sujet du maintien des 3 D.E.S.S. du champ clinique à Nice :

D.E.S.S. Psychopathologie clinique,
D.E.S.S. clinique et gérontologie,
D.E.S.S. interculturelle et psychologie clinique des situations de crise.

Les motifs de ces avis défavorables semblent motivés par les experts par des malentendus (voir les docs qui suivent) mais dans le fond M.Foulley m'assure que les raisons profondes sont bien différentes.

Le maintien du 3ème D.E.S.S. est remis en question car les publications côté enseignants sont insuffisantes et une co-direction est proposée, etc. Il faut savoir aussi que pour le D.E.S.S Pyschopathologie Clinique, il a été demandé des justificatifs d'embauche des derniers diplômés de ce D.E.S.S. afin de justifier de sa pertinence. De tels arguments constituent à mon sens une atteinte grave du sens de la formation universitaire: ce serait les étudiants qui s'autosanctionneraient en voyant leur discipline clinique disparaître du fait de ne pas avoir trouvé du travail alors que c'est le marché de l'emploi qui produit cet état de fait ! Un comble !

Des avis des experts sont encore attendus pour la semaine prochaine; suite à un entretien avec le vice-président de l'université lors de la grève (aujourd'hui levée), la direction semble être solidaire de leur démarche. M. Foulley me fait remarquer que suite à leur mobilisation, un premier mouvement de recul des experts a été très rapides mais les étudiants restent très vigilants.

Il me semble que nous devons faire travailler tous nos contacts pour nous montrer solidaire de ce qui se passe à Nice car cela nous concerne tous : déjà, j'apprends qu'à Montpellier la suppression du D.E.S.S. de psychologie clinique est programmée. Chacun qui possède des contacts dans toute université française de psychologie, notamment au niveau des enseignants mais aussi, et surtout, au niveau des étudiants de 5ème année, peut inviter à contacter Christophe FOULLEY: c.foulley@wanadoo.fr (0681740211) .

Cette mobilisation niçoise est aussi la nôtre et doit servir d'expérience pour les prochaines mobilisations qui seront ( ou sont ? ) nécessaires ailleurs en France.

Merci de faire circuler à tous les étudiants en psychologie de fin de cycle que vous connaissez.

Bien cordialement.

WG
31 mars 2004


Lettre de Ch. Foulley à l'InterCoPsychos

Je suis étudiant représentant en psychologie à l'Université de Nice Sophia Antipolis.

Par la présente je vous informe de la situation alarmante dans laquelle se trouve la psychologie à Nice et plus particulièrement la psychologie clinique, suite au retour des navettes ministérielles dans le cadre de la réforme LMD.

Celles-ci ont émis des avis défavorables ou susceptibles d'être rejeté pour toutes les spécialités clinique (anciennement DESS). De plus, ces expertises comportent des réponses des plus paradoxales, laissant douter de leur crédibilité. Paradoxes toujours en défaveur des spécialités cliniques.

Il s'agit d'un état d'urgence quand on sait que nous devons renvoyer les maquettes avant le 5 avril.

La mobilisation étudiante est forte et nous souhaitons vivement avoir votre soutien et celui du collectif ainsi qu'une concertation commune avec étudiants et professeurs qui nous soutiennent pour beaucoup.

Ci-joint, les derniers comptes rendus et réflexions.

Pourrions-nous réfléchir sur une action commune ?


Christophe FOULLEY
Représentant étudiant et assesseur à la Faculté de psychologie de Nice


Lettre ouverte

Madame, Monsieur,


Nous sommes les représentants étudiants de la faculté de Psychologie de Nice.

Nous tenons à vous signaler la détresse générale, enseignants et étudiants réunis, à la réception des expertises ministérielles relatives au projet élaboré par notre université dans le cadre imposé de la réforme des LMD (harmonisation européenne des diplômes nommée Licence Master-Doctorat).

Nous nous insurgeons contre la menace directe de rejet de plusieurs spécialités plus précisément les spécialités Cliniques ...

Les experts invoquent les raisons les plus floues (même contradictoires), censées permettre aux directeurs de ces mêmes spécialités, de modifier leurs maquettes de projets de Master. Ces experts ont disposé de prés de cinq mois pour asséner leurs avis mais exigent un retour dans un délai de 13 jours : le 5 avril 2004. Ce délai ne pouvant être dépassé, les dits projets seraient alors considérés comme rejetés.

Il n'est prévu aucun moyen de contre expertise.

Nous ne sommes pas dupes. La volonté délibérée, comprise dans ce délai, d'appliquer des sanctions à des spécialités qui ont fait leur preuve depuis plus de 10 ans, est le signe d'une prise de position explicite contre la filière incriminée: la Psychologie clinique. A travers elle, c'est le projet de l'Université dans son ensemble qui est affecté car toute la Psychologie est touchée. C'est une remise en question de tout ce qui se reconnaît sous ce terme. La décision unilatérale de rassembler des spécialités sans arguments théoriques et pire encore, sans réflexion avec les différentes parties en cause pourrait très bien se produire dans toutes les disciplines et filières.

L'enseignement et la formation universitaire sont ils susceptibles d'être bouleversés ainsi du jour au lendemain ? S'agit il de motif économique ? Il faut savoir que la réduction du nombre de spécialités s'argumente selon le bureau de la Présidente de l'Université par le fait de soulager la dépense des contribuables.

Sachez que dès lundi 29 mars 2004, une Commission Paritaire d'Urgence aura lieu au sein du pôle de St Jean d'Angély. Qu'à la suite de cette dernière, une délégation étudiante souhaite vous rencontrer. Notre mobilisation a un caractère d'urgence et nous demandons à tous nos élus de se positionner face à cet abus de pouvoir bureaucratique et cette fin de non recevoir quant à nos revendications et à nos craintes en l'avenir d'un l'enseignement universitaire régi par l'économie. De nombreuses autres filières de l'université LASH (Langues Art Sciences Humaines) sont concernées.

Dans l'attente d'un soutien de votre part, veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations distinguées.


Christophe FOULLEY
Représentation des étudiants de la faculté de Psychologie de Nice



Rencontre avec la Présidente de l'Université de Nice

Une délégation de trois étudiants, représentants de psychologie, a pu être reçu par la présidente et tout le « gratin » de l 'Université le 24/03/04.

Pour résumer cet échange, en voici certains points :

Mise en évidence d'incohérences dans les réponses des experts :

Au sujet d'une demande paradoxale de justificatif d'embauche des anciens étudiants pour la demande de création de la spécialité « neuropsychologie du développement » ils nous répondent « il s'agit d'un problème de copier coller ». C'est donc d'après eux, un point insignifiant ...

Au sujet d'un avis défavorable à la spécialité « Master de psychopathologie interculturelle et psychologie clinique des situations de crise » alors que les experts disent ne pas avoir reçu le contenu ; ces derniers nous répondent : « il s'agit là aussi d'un problème d'information car les experts auraient reçu les contenus. S'ils n'avaient pas marqué cela, ce serait de toute façon un avis défavorable car ils nous l'ont dit oralement _ (les experts ne sont ils pas anonymes ?)_ Ils se sont trompés mais c'est sur, c' est défavorable ».

Décodage des termes flous employés par les experts :

Relatif à ce point, il est à savoir que ces termes sont censés aider les directeurs dans l'élaboration de leurs nouvelles maquettes, cf. « insuffisant, lacunaire et plus explicite », leur réponse fût la suivante : « il s'agit juste d'envoyer les curriculum vitae des intervenants. C'est la faute de vos professeurs qui ont utilisé un format .ZIP et pas un format .PDF »

La cible : psychologie clinique ?

Quant à notre interpellation concernant une mise en danger de toutes les spécialités cliniques (Clinique et psychopathologique, Clinique Gérontologique, Clinique interculturelle et psychologie clinique des situations de crise), ils répondent « que l'on doit rassembler ces dernières en une seule spécialité car c'est la même chose », de plus, ils auraient averti le département, fin janvier de cette requête faite par les experts car ce serait d'après eux la solution. Or, cette requête ne stipulait qu'un nombre trop important de spécialités.

Par rapport à une éventuelle baisse du nombre d'étudiant en Master 2 Clinique, leur réponse est « de conserver le même nombre si on le désire (environ 60) et de nous débrouiller pour obtenir une grande salle par exemple ».

Ils proposent une spécialité à l'intérieur de laquelle on organiserait un choix à la carte d'option réunissant les 3 spécialités.


Où est la cohérence prônée par le ministère ?

Devant un auditoire prônant leur pragmatisme et leur fonction visant à donner des informations, nous nous sommes bien rendu compte qu'il n'était en rien concerné par les arguments qualitatifs de l'ordre du contenu théorique cohérent de chaque enseignement en spécialité clinique particulièrement.

Leurs arguments étaient plus proches du bon sens commun qu'une réelle prise en considération de l'intérêt de chaque spécialité.

Alors qu'ils criaient haut et fort, l'aspect néfaste de multiplier les spécialités et leur désir de rassembler tout ce qui est « proche » ; notre interrogation relative à l'avis favorable avec aménagement (erroné) concernant la création de la spécialité de neuropsychologie du développement, ils nous répondent que dans ce cas il y avait « des bases scientifiques solides ». La psychologie clinique ne serait elle pas scientifique ? Nous n'obtenons pas de réponse.

Nous retrouvons là, l'orientation nationale qui prône le quantitatif et la cotation au détriment de ce qui n'est pas chiffrable mais de l'ordre de l' humain, du sujet. Au contraire, ne pouvons nous pas mettre en évidence leur complémentarité et l'aspect indispensable de chaque sous discipline ?

Nous ne sommes pas dupes, la volonté autoritariste d'appliquer des sanctions sans réserve à des spécialités qui ont fait leur preuve depuis plus de dix ans, dont les directeurs n'ont que 13 jours (retour le 5 avril 2004) pour modifier leur maquette, est le signe d'une prise de position explicite contre l'approche incriminée : la psychologie clinique.

C'est l'idée d'une université dans son ensemble qui est affectée car les différents objets d'études des sous disciplines en psychologie n'est qu'une des problématiques.

C'est une remise en question de tout ce qui se reconnaît sous le terme « psychologie ». Que signifie t'il de nos jours ?

La décision unilatérale de « rassembler » des spécialités sans arguments théoriques et a fortiori sans réflexion avec les principaux intéressés pourraient très bien se produire pour toutes les filières et toutes les sous disciplines. Sanctionner et dénigrer une approche particulière revient à condamner toute la discipline dont elle est issue à plus ou moins long terme.

L'enseignement universitaire est il susceptible d'être condamné du jour au lendemain ? S'agit il de motifs économiques ?

De nombreuses filières de l'UFR LASH sont concernées ...

L'objectif du gouvernement à lâcher les universités dans sa fonction pédagogique autant que dans sa fonction de recherche est en marche.

L'université de tous les savoirs devient elle l'université de tous les déboires ?


Christophe FOULLEY
Représentation étudiants Univ. de Nice


Mobilisation des étudiants nicois - chronologie des évènements

Mercredi 24

Arrivée des navettes ministérielles au département de psychologie. Demande de modifications avant le 5 avril.


Jeudi 25

Matin
: Rencontre entre le directeur du département et le bureau étudiant. Lecture et discussion sur le retour des navettes ministérielles.

Après-midi : Après réunion entre représentant, organisation d'une Assemblée Générale extraordinaire informative.
Rencontre d'une délégation avec la Présidente auprès d'une délégation d'ACL. Proposition de rassembler les trois spécialités de psychologie clinique en une.


Vendredi 26, samedi 27, dimanche 28

Travail de communication par les étudiants représentants pour sensibiliser le publique, les professionnels et les médias.


Lundi 29

Matin
: Commission paritaire extraordinaire, en présence de la doyenne, pour discuter du retour de l'expertise. Vote d'une motion demandant l'appui de l'université pour conserver nos trois spécialités cliniques et demander des éclaircissements au chargé de mission M. Caverni.

Après-midi : Rencontre entre tous les étudiants représentants de la faculté des lettres afin de mettre en commun notre réflexion au sujet des expertises et d'une éventuelle mobilisation commune.


Mardi 30

Après midi : Toujours pas de réponse de l'université. Assemblée Générale pendant laquelle une occupation des locaux a été votée dès la fin de l'AG, jusqu'à une réponse écrite de la présidente. Dès le soir même, rencontre avec M. le vice-président qui met en évidence une erreur sur une maquette de clinique qui aurait entraîné la proposition de réunir les trois spécialités en une.


Nuit de mardi à mercredi

Occupation des locaux de St Jean D'Angely par 250 étudiants.
Création de commissions de réflexion qui ont travaillé spontanément sur les modifications demandées par les experts avec les nouvelles informations apportées par le vice président.
Création d'une commission de coordination qui était composé de différentes délégations de la fac de lettres afin de poser nos revendications en commun et les futures modalités d'action.


Mercredi 31

Matin : Réception sur le site d'une lettre de la présidente nous présentant 3 points : La conservation des trois spécialités, sous réserve d'une correction de l'erreur de terme incriminée; la conservation de la spécialité clinique gérontologique sous réserve d'une co-direction (solution proposée par les professeurs); la confiance en l'avis favorable probable de la spécialité clinique interculturelle car il ne s'agirait que d'un problème de réception des dossier.

Après midi : Assemblée Générale, présentation de la lettre de la présidente. Arrêt de la grève et de l'occupation des locaux mais vote de la LUTTE au département de psychologie, dans l'attente des expertises définitives. Modalité d'action transmise par voie d'affichage et salle 116 : Création de commissions. Demande de rencontre avec la présidente afin de demander par écrit "un soutien" et non sa "confiance" en la suite positive de notre demande. On apprend que les experts ont émis un avis favorable pour la spécialité de psychologie interculturelle.

Rencontre d'une délégation avec la présidente et le vice-président immédiatement après L'AG.

Refus de la présidente a modifier ce terme pour des raisons compréhensibles de crédibilité car il y a un soutien de principe de l'université pour toutes les filières et toutes les spécialités. Assurances verbales de la présidente que les modifications apportées nous permettent de conserver les trois spécialités cliniques. Réponse Favorable pour la spécialité clinique interculturelle obtenue en 45 minutes après expertise (envoi par mail).


Ne nous voilons pas la face devant ces avancées soudaines…


Durant une nuit d'occupation des locaux, le flou qui entourait les réponses des experts qui entraînait des avis plus que menaçant sur la psychologie clinique s'est soudain éclairci. Clarté qui a révélé que leur proposition de fusion de la psychologie ne reposait que sur une erreur facile à corriger. Or, il faut savoir qu'en janvier, le département de psychologie a reçu une lettre venant du ministère, précisant qu'il y avait "trop de spécialités, notamment en clinique". Pas de proposition de fusion mais un désir de diminuer le nombre de spécialités, alors même qu'une création de spécialité en neuropsychologie a eu un avis Favorable …


De plus, lors de notre première rencontre avec le bureau de la Présidente le jeudi 25, il nous a été dit que la réponse des experts concernant la non-réception du contenu de la spécialité de psychologie interculturelle, était erronée car les experts l'avaient "vraiment reçu" et auraient dit que "de toute façon c'est un avis défavorable". Ils sont revenus aussi sur cette information …

Nous avons réagi dans les temps !


Restons vigilant et essayons de nous coordonner avec tous les collectifs, délégués et représentants d'autres filières et/ou d'autres villes, contactés pendant notre dure lutte. Beaucoup sont près à nous soutenir. Il s'agit d'une orientation nationale qui touche tout l'enseignement supérieur. Il ne faut pas faire d'amalgame mais nous avons tout intérêt d'élargir nos revendications. Rencontre avec les étudiants délégués de lettre à Carlone 18h pour les représentants pour un projet de festival pendant les prochaines vacances ?



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