Jean-Luc VIAUX
Professeur de Psychologie
Université de Rouen 76821 Mont-Saint-Aignan
L’université va connaître dans les années qui viennent des bouleversements organisationnels de grande ampleur, moins parce que les idéologues qui veulent la mort d’une mythique université soixante-huitarde sont au pouvoir, que parce qu’entre les déçus et les féodaux, entre les comptables et les « inventeurs » rien ne va plus et qu’une machine crispée ne peut plus évoluer, d’autant que son conducteur, l’Etat, ne sait même plus diriger l’engin. Qui ne veut pas d’une réforme de l’université ? Personne. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde (loin de là) veut des réformes Pécresse-Sarkozy. La première qui vient d’être votée n’est pas une réforme « de » l’université mais de sa gouvernance et elle a deux fondements : faire la part belle au « présidentialisme » à la mode, et faire entrer l’université dans le « libéralisme », qu’en d’autre temps on qualifiait de capitalisme sauvage : tout ce qui ne sert pas le pouvoir de l’argent est sans intérêt.
Les psychologues auraient tort de se désintéresser de ce qui se passe : l’avenir de la profession est entrain de se jouer sur cette réforme, puisque - fait exceptionnel – seules les universités forment et habilitent les professionnels de la psychologie.
Demain les Présidents d’université auront pouvoir de récusation sur les nominations aux postes d’enseignants de psychologie, demain un comité (nommé !), toutes disciplines confondues, remplacera la commission des spécialistes, notre chère « 16ème section » où se mitonnaient d’ardents règlements de comptes et compromis entre sous-disciplines, mais qui au moins était composée de psychologues. Demain il n’y aura de représentants des enseignants de psychologie au CA des universités que s’ils militent dans des syndicats « fédéralises », ce qui veut dire que les départements de psychologie seront à la merci de ceux qui depuis toujours refusent leur autonomie, notamment la médecine, qui n’est que peu touchée par la réforme.
Demain pour assurer l’indépendance et la cohérence des formations en psychologie, la survie de nos masters, il faudra en assurer la « rentabilité » : dans sa lettre de mission à la ministre le Président de la République indique clairement qu’il ne faudra financer que les formations qui donnent une certitude d’insertion. Les sciences humaines sont, sans équivoques possibles, visées.
Rappelons nous : dans les années 1980 le sursaut qui donna lieu à la longue marche vers l’obtention du Titre de psychologue eu lieu quand une ministre des universités s’en pris aux DESS en général. Ce qui faillit coûter cher aux UFR de psychologie fut salvateur. A l’appel de C. Chiland, relayée et soutenue par la SFP (R. Ghiglione) puis le SNP, l’ACOF le SPEN et bien d’autres ce fut un amphi, puis une coordination, puis l’ANOP : un combat anticipateur dont le résultat est aujourd’hui que licence ET Master sont indispensables pour l’obtention du Titre (unique !) de Psychologue.
C’est dire que la réforme de la gouvernance des universités, du poids des UFR dans les Conseils d’administration, la sélection ou non sélection en Master etc. n’est pas pour nous une affaire secondaire : que pèseront les départements de psychologie demain dans des universités poussées à la rentabilité ? Quels moyens auront nous pour gérer cette contradiction folle d’une non sélection en Licence (3 premières années) qui organise l’entrée en masse en psychologie (comme dans quelques autres disciplines), et un « massacre » entre le Master 1 et le Master 2 (1 entrée pour 5 à 10 candidats), ce qui fournit l’argument imparable que nous sommes les organisateurs de « l’échec massif » en université ?
A qui ferons nous entendre qu’avec plus de 3000 diplômés par an les psychologues sont déjà trois fois trop nombreux pour un marché du travail équilibré, que c’est une des raisons de leurs sous-salaires chroniques, et qu’il faut donc ajuster drastiquement les flux étudiants en psychologie, sans pour autant supprimer en masse les filières ?
Il existe une issue. Elle suppose de mettre fin dans l’urgence à quelques prises de positions tactiques, et à refaire l’unité défaite après les états généraux, pour la vouloir ensemble et l’imposer par tous moyens.
Le texte de loi, en dehors de ses aspects les plus difficiles à admettre sur la gouvernance, contient cet article
« Art. L. 713-1. – Les universités regroupent diverses composantes qui sont :
« 2° Des écoles ou des instituts, créés par décret, sur proposition du conseil d’administration de l’université, après avis du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
Il est URGENT pour sauver non pas la clinique, toute seule, ou la psycho de ceci ou de cela mais la profession de psychologue et la recherche en psychologie, de demander partout dans toutes les universités, dans tous les rectorats, auprès du ministère, et tous ensembles, que soient crées des Ecoles ou des Instituts Universitaires de Psychologie, pour former des psychologues. Avec deux arguments solides :
1 - les actuels départements de psychologie ont pour vocation de former des professionnels sur un marché de l’emploi précis, correspondant à une demande d’aide aux publics les plus fragiles, et à des demandes sociales exponentielles, dans tous les secteurs : la maîtrise du ratio demande/formation, ne peut être réelle que s’il existe un maîtrise du nombre de place en formation – ce qui est possible dans des instituts et impossible dans le tronc commun universitaire, non sélectifs.
2- Il n’existe aucune autre voie de formation au métier de psychologue depuis 1985, et cela n’a posé aucun problème. Il faut donc distinguer l’enseignement « de » la psychologie, de la formation de psychologues professionnels, adaptés à la demande sociale.
Oui mais, que deviendront alors les masses d’heures enseignées en Licence, et les enseignants des départements de psychologie qui les assument ? Précisément : pour réduire les abandons et échecs u flux important d’étudiants des trois années de licence, il faut continuer à promouvoir des licences avec des vocations différentes de celle de former des psychologues : travailleurs sociaux, médecins, enseignants, gérants de tutelles etc. ont besoin de savoirs « en » psychologie, dispensés dans de bonnes conditions. Il faut promouvoir des licences professionnelles « à contenus psychologiques » mais pas exclusivement et différencier les voies courtes, de la formation « exclusive » au métier de psychologue[1], selon un standard européen.
Ces arguments sont, de mon point de vue, dans l’air du temps, et cohérent avec des réformes que nous allons subir, au risque d’y être laminés.
J’appelle tous les psychologues, toutes les responsables d’organisations grandes et petites, fédérées ou non, à en débattre, à se saisir d’une opportunité de changer radicalement la donne et d’asseoir la formation des psychologues dans les temps d’aujourd’hui. J’invite tout particulièrement les cliniciens à anticiper que dans les nouveaux conseils d’administrations des universités plus nombreux seront les tenants des épistémologies radicalement « objectives », chiffrables et mesurables, que les tenants de l’irréductibilité du roseau pensant subjectif…. : Le risque d’attiser la tentation de la survie par les seules neuro-sciences n’est pas à négliger. Il faut sortir la formation des psychologues du gâchis actuel et futur en la « sécurisant » dans des écoles ou instituts : il y va de notre responsabilité,
- à l’égard des étudiants, qu’il faut cesser de leurrer d’études « en psychologie » au profit de parcours réellement formateurs,
- à l’égard des universités en leur permettant de former dans des conditions incontestables des professionnels très qualifiés, et des chercheurs de réputation nationale et internationale.
- A l’égard des pouvoir publics en proposant une solution rendant cohérent le besoin de psychologues exprimés itérativement avec la garantie d’une formation adaptée aux besoins de la population et moins soumise à la gestion des « grands nombres ».
- à l’égard des psychologues eux-mêmes en cessant de construire en façade l’unité de la profession tout en permettant sa dilution dans des querelles de chapelles universitaires, et une incohérence des formations.
Sauver la psychologie c’est possible dans les mois qui viennent, mais pas sans un sursaut unitaire, et sans un débat franc sur la formation et les flux : il est à redouter que dans les recompositions inévitables qui se préparent certains choisissent de sauver leurs intérêts immédiats - on a vu ce qu’a donné le non terminé débat sur les psychothérapeutes.
Si la dynamique des années 1980 ne se recompose pas ce n’est pas la loi de 1985 qui sauvera la mise : la longue marche pour ses décrets d’application a montré que de droite comme de gauche on savait faire avec pour ne rien changer à la fragmentation d’une profession, qui n’a pu s’appuyer que sur le recours à la délivrance universitaire du titre pour justifier de son unité et sauver les meubles. C’est cette très mince ligne de défense qui est menacée aujourd’hui de devenir notre ligne Maginot – encore plus si nous la tenons chacun dans notre coin.
Psychologues, mes collègues, ne comptons sur personne d’autres que sur nous et notre créativité. Entre l’enlisement dans de vieilles querelles, et le compromis qui nous rassemblera pour parler d’une seule voix ; entre la résignation passive et l’idée majeure, qui fut celle de ma génération, que l’éthique de la psychologie supposait son indépendance à l’égard des autres disciplines ; entre la disparition dans « les sciences humaines », ou la soumission aux professions « de santé », donc l’éclatement, et une psychologie riche de sa propre pluridisciplinarité et de sa déontologie, il n’y a que l’épaisseur de notre responsabilité.
JL VIAUX
4 août 2007
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[1] Accessoirement cessons d’alimenter le marché du travail avec des titulaires d’un Master 1 en psychologie, employés sous des appellations diverses comme pseudo-psychologues, au détriment des authentiques psychologues, des usagers, et de la déontologie.
Professeur de Psychologie
Université de Rouen 76821 Mont-Saint-Aignan
L’université va connaître dans les années qui viennent des bouleversements organisationnels de grande ampleur, moins parce que les idéologues qui veulent la mort d’une mythique université soixante-huitarde sont au pouvoir, que parce qu’entre les déçus et les féodaux, entre les comptables et les « inventeurs » rien ne va plus et qu’une machine crispée ne peut plus évoluer, d’autant que son conducteur, l’Etat, ne sait même plus diriger l’engin. Qui ne veut pas d’une réforme de l’université ? Personne. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde (loin de là) veut des réformes Pécresse-Sarkozy. La première qui vient d’être votée n’est pas une réforme « de » l’université mais de sa gouvernance et elle a deux fondements : faire la part belle au « présidentialisme » à la mode, et faire entrer l’université dans le « libéralisme », qu’en d’autre temps on qualifiait de capitalisme sauvage : tout ce qui ne sert pas le pouvoir de l’argent est sans intérêt.
Les psychologues auraient tort de se désintéresser de ce qui se passe : l’avenir de la profession est entrain de se jouer sur cette réforme, puisque - fait exceptionnel – seules les universités forment et habilitent les professionnels de la psychologie.
Demain les Présidents d’université auront pouvoir de récusation sur les nominations aux postes d’enseignants de psychologie, demain un comité (nommé !), toutes disciplines confondues, remplacera la commission des spécialistes, notre chère « 16ème section » où se mitonnaient d’ardents règlements de comptes et compromis entre sous-disciplines, mais qui au moins était composée de psychologues. Demain il n’y aura de représentants des enseignants de psychologie au CA des universités que s’ils militent dans des syndicats « fédéralises », ce qui veut dire que les départements de psychologie seront à la merci de ceux qui depuis toujours refusent leur autonomie, notamment la médecine, qui n’est que peu touchée par la réforme.
Demain pour assurer l’indépendance et la cohérence des formations en psychologie, la survie de nos masters, il faudra en assurer la « rentabilité » : dans sa lettre de mission à la ministre le Président de la République indique clairement qu’il ne faudra financer que les formations qui donnent une certitude d’insertion. Les sciences humaines sont, sans équivoques possibles, visées.
Rappelons nous : dans les années 1980 le sursaut qui donna lieu à la longue marche vers l’obtention du Titre de psychologue eu lieu quand une ministre des universités s’en pris aux DESS en général. Ce qui faillit coûter cher aux UFR de psychologie fut salvateur. A l’appel de C. Chiland, relayée et soutenue par la SFP (R. Ghiglione) puis le SNP, l’ACOF le SPEN et bien d’autres ce fut un amphi, puis une coordination, puis l’ANOP : un combat anticipateur dont le résultat est aujourd’hui que licence ET Master sont indispensables pour l’obtention du Titre (unique !) de Psychologue.
C’est dire que la réforme de la gouvernance des universités, du poids des UFR dans les Conseils d’administration, la sélection ou non sélection en Master etc. n’est pas pour nous une affaire secondaire : que pèseront les départements de psychologie demain dans des universités poussées à la rentabilité ? Quels moyens auront nous pour gérer cette contradiction folle d’une non sélection en Licence (3 premières années) qui organise l’entrée en masse en psychologie (comme dans quelques autres disciplines), et un « massacre » entre le Master 1 et le Master 2 (1 entrée pour 5 à 10 candidats), ce qui fournit l’argument imparable que nous sommes les organisateurs de « l’échec massif » en université ?
A qui ferons nous entendre qu’avec plus de 3000 diplômés par an les psychologues sont déjà trois fois trop nombreux pour un marché du travail équilibré, que c’est une des raisons de leurs sous-salaires chroniques, et qu’il faut donc ajuster drastiquement les flux étudiants en psychologie, sans pour autant supprimer en masse les filières ?
Il existe une issue. Elle suppose de mettre fin dans l’urgence à quelques prises de positions tactiques, et à refaire l’unité défaite après les états généraux, pour la vouloir ensemble et l’imposer par tous moyens.
Le texte de loi, en dehors de ses aspects les plus difficiles à admettre sur la gouvernance, contient cet article
« Art. L. 713-1. – Les universités regroupent diverses composantes qui sont :
« 2° Des écoles ou des instituts, créés par décret, sur proposition du conseil d’administration de l’université, après avis du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
Il est URGENT pour sauver non pas la clinique, toute seule, ou la psycho de ceci ou de cela mais la profession de psychologue et la recherche en psychologie, de demander partout dans toutes les universités, dans tous les rectorats, auprès du ministère, et tous ensembles, que soient crées des Ecoles ou des Instituts Universitaires de Psychologie, pour former des psychologues. Avec deux arguments solides :
1 - les actuels départements de psychologie ont pour vocation de former des professionnels sur un marché de l’emploi précis, correspondant à une demande d’aide aux publics les plus fragiles, et à des demandes sociales exponentielles, dans tous les secteurs : la maîtrise du ratio demande/formation, ne peut être réelle que s’il existe un maîtrise du nombre de place en formation – ce qui est possible dans des instituts et impossible dans le tronc commun universitaire, non sélectifs.
2- Il n’existe aucune autre voie de formation au métier de psychologue depuis 1985, et cela n’a posé aucun problème. Il faut donc distinguer l’enseignement « de » la psychologie, de la formation de psychologues professionnels, adaptés à la demande sociale.
Oui mais, que deviendront alors les masses d’heures enseignées en Licence, et les enseignants des départements de psychologie qui les assument ? Précisément : pour réduire les abandons et échecs u flux important d’étudiants des trois années de licence, il faut continuer à promouvoir des licences avec des vocations différentes de celle de former des psychologues : travailleurs sociaux, médecins, enseignants, gérants de tutelles etc. ont besoin de savoirs « en » psychologie, dispensés dans de bonnes conditions. Il faut promouvoir des licences professionnelles « à contenus psychologiques » mais pas exclusivement et différencier les voies courtes, de la formation « exclusive » au métier de psychologue[1], selon un standard européen.
Ces arguments sont, de mon point de vue, dans l’air du temps, et cohérent avec des réformes que nous allons subir, au risque d’y être laminés.
J’appelle tous les psychologues, toutes les responsables d’organisations grandes et petites, fédérées ou non, à en débattre, à se saisir d’une opportunité de changer radicalement la donne et d’asseoir la formation des psychologues dans les temps d’aujourd’hui. J’invite tout particulièrement les cliniciens à anticiper que dans les nouveaux conseils d’administrations des universités plus nombreux seront les tenants des épistémologies radicalement « objectives », chiffrables et mesurables, que les tenants de l’irréductibilité du roseau pensant subjectif…. : Le risque d’attiser la tentation de la survie par les seules neuro-sciences n’est pas à négliger. Il faut sortir la formation des psychologues du gâchis actuel et futur en la « sécurisant » dans des écoles ou instituts : il y va de notre responsabilité,
- à l’égard des étudiants, qu’il faut cesser de leurrer d’études « en psychologie » au profit de parcours réellement formateurs,
- à l’égard des universités en leur permettant de former dans des conditions incontestables des professionnels très qualifiés, et des chercheurs de réputation nationale et internationale.
- A l’égard des pouvoir publics en proposant une solution rendant cohérent le besoin de psychologues exprimés itérativement avec la garantie d’une formation adaptée aux besoins de la population et moins soumise à la gestion des « grands nombres ».
- à l’égard des psychologues eux-mêmes en cessant de construire en façade l’unité de la profession tout en permettant sa dilution dans des querelles de chapelles universitaires, et une incohérence des formations.
Sauver la psychologie c’est possible dans les mois qui viennent, mais pas sans un sursaut unitaire, et sans un débat franc sur la formation et les flux : il est à redouter que dans les recompositions inévitables qui se préparent certains choisissent de sauver leurs intérêts immédiats - on a vu ce qu’a donné le non terminé débat sur les psychothérapeutes.
Si la dynamique des années 1980 ne se recompose pas ce n’est pas la loi de 1985 qui sauvera la mise : la longue marche pour ses décrets d’application a montré que de droite comme de gauche on savait faire avec pour ne rien changer à la fragmentation d’une profession, qui n’a pu s’appuyer que sur le recours à la délivrance universitaire du titre pour justifier de son unité et sauver les meubles. C’est cette très mince ligne de défense qui est menacée aujourd’hui de devenir notre ligne Maginot – encore plus si nous la tenons chacun dans notre coin.
Psychologues, mes collègues, ne comptons sur personne d’autres que sur nous et notre créativité. Entre l’enlisement dans de vieilles querelles, et le compromis qui nous rassemblera pour parler d’une seule voix ; entre la résignation passive et l’idée majeure, qui fut celle de ma génération, que l’éthique de la psychologie supposait son indépendance à l’égard des autres disciplines ; entre la disparition dans « les sciences humaines », ou la soumission aux professions « de santé », donc l’éclatement, et une psychologie riche de sa propre pluridisciplinarité et de sa déontologie, il n’y a que l’épaisseur de notre responsabilité.
JL VIAUX
4 août 2007
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[1] Accessoirement cessons d’alimenter le marché du travail avec des titulaires d’un Master 1 en psychologie, employés sous des appellations diverses comme pseudo-psychologues, au détriment des authentiques psychologues, des usagers, et de la déontologie.