Une campagne imprudente lancée par un homme politique bien intentionné mais mal conseillé, a jeté d’innombrables patients et leurs thérapeutes dans les alarmes.
Les médias se sont faits l’écho de cette campagne, mais fort heureusement en la relativisant, et en me donnant régulièrement la parole pour réfuter certaines des extravagances répandues à la légère.
Non, « les 5 000 psychanalystes, les 30 000 psychothérapeutes qui exercent en France » ne menacent nullement la santé publique. Oui, le risque psychothérapeutique existe, mais il est infime. C’est une aberration que de l’avoir soudainement majoré et transformé en menace. On voudrait provoquer une panique, et, accessoirement, faire oublier la catastrophe, bien réelle celle-là, de la canicule, que l’on ne s’y serait pas pris autrement.
Le thérapeute à qui vous vous confiez vous a certainement été recommandé par un de vos proches qui a pu apprécier son travail, par un médecin, par un psychologue scolaire, par un travailleur social. Cette connaissance par ouï-dire vaut tous les diplômes. N’y a-t-il pas d’éminents professeurs qui sont inaptes, voire dangereux dans la pratique ? Certains d’entre eux préfèrent d’ailleurs passer leur temps dans les couloirs des Ministères, se concerter avec les bureaux et pondre des règlements abscons, plutôt que de s’occuper de leurs patients — parfois, tout simplement, ils n’en ont pas, et c’est plus prudent.
La psychanalyse, la psychologie clinique, les psychothérapies, ce n’est pas la médecine. Celle-ci devient de plus en plus scientifique, technologique, ce qui est un bienfait, mais de ce fait elle devient aussi de plus en plus muette. C’est ce qui explique que, depuis Freud, la psychanalyse s’est partout développée, et qu’elle l’a fait indépendamment de la médecine. Les psychothérapies, la psychologie clinique, ont suivi. Vouloir, par un coup de force législatif, médicaliser brusquement ce champ et faire trembler les thérapeutes non-médecins, est un projet fou, digne de Big Brother. Il semble avoir germé dans le cerveau d’augustes Académiciens, certes respectables, mais aveugles et sourds au phénomène « psy », qui est un phénomène de civilisation. Dans le même temps, l’éternel pharisien dit : « Tous des charlatans ! — à part moi et mes amis. »
I[J.A. Miller, 20 novembre 2003]i
Les médias se sont faits l’écho de cette campagne, mais fort heureusement en la relativisant, et en me donnant régulièrement la parole pour réfuter certaines des extravagances répandues à la légère.
Non, « les 5 000 psychanalystes, les 30 000 psychothérapeutes qui exercent en France » ne menacent nullement la santé publique. Oui, le risque psychothérapeutique existe, mais il est infime. C’est une aberration que de l’avoir soudainement majoré et transformé en menace. On voudrait provoquer une panique, et, accessoirement, faire oublier la catastrophe, bien réelle celle-là, de la canicule, que l’on ne s’y serait pas pris autrement.
Le thérapeute à qui vous vous confiez vous a certainement été recommandé par un de vos proches qui a pu apprécier son travail, par un médecin, par un psychologue scolaire, par un travailleur social. Cette connaissance par ouï-dire vaut tous les diplômes. N’y a-t-il pas d’éminents professeurs qui sont inaptes, voire dangereux dans la pratique ? Certains d’entre eux préfèrent d’ailleurs passer leur temps dans les couloirs des Ministères, se concerter avec les bureaux et pondre des règlements abscons, plutôt que de s’occuper de leurs patients — parfois, tout simplement, ils n’en ont pas, et c’est plus prudent.
La psychanalyse, la psychologie clinique, les psychothérapies, ce n’est pas la médecine. Celle-ci devient de plus en plus scientifique, technologique, ce qui est un bienfait, mais de ce fait elle devient aussi de plus en plus muette. C’est ce qui explique que, depuis Freud, la psychanalyse s’est partout développée, et qu’elle l’a fait indépendamment de la médecine. Les psychothérapies, la psychologie clinique, ont suivi. Vouloir, par un coup de force législatif, médicaliser brusquement ce champ et faire trembler les thérapeutes non-médecins, est un projet fou, digne de Big Brother. Il semble avoir germé dans le cerveau d’augustes Académiciens, certes respectables, mais aveugles et sourds au phénomène « psy », qui est un phénomène de civilisation. Dans le même temps, l’éternel pharisien dit : « Tous des charlatans ! — à part moi et mes amis. »
I[J.A. Miller, 20 novembre 2003]i