Chers collègues,
Nous avons dans le Val-de-Marne un malheureux exemple de l'obstination belliqueuse d'une équipée pharmaco-épidémio-génético-comportementaliste à asseoir leur diktat et ce faisant éradiquer la clinique psychanalytique des CMP. A la tête de la l'équipée, le Professeur Rouillon (chercheur en psychiatrie génétique et épidémiologique à l'INSERM Unité 513), chef de secteur attaché à l'hôpital Albert Chenevier de Créteil, qui après avoir mis au pas une partie du secteur psychiatrique du département, sévit à la cellule d'appui scientifique de la DGS au ministère. Pour continuer le travail d'éradication il a nommé le Professeur Leboyer (chercheur en psychiatrie génétique et épidémiologique à l'INSERM Unité 513) qui assure son intérim et détient les trois secteurs de Boissy-Saint-Léger, Maisons-Alfort et Créteil.
Malgré l'hégémonie des théories et des pratiques préconisées par Monsieur Rouillon en intra-hospitalier, quelques irréductibles défenseurs d'une clinique à l'écoute du sujet ont réussi à survivre dans les CMP de Maisons-Alfort et Boissy-Saint-Léger, dans une co-existence somme toute plutôt respectueuse. Ce respect était largement dû à une particularité peu courante : la gestion de ces deux CMP est confiée à une association (APSI) depuis 1972, qui en assura leur création et leur fonctionnement. Cette gestion associative, reconduite en 1989, a garanti une relative autonomie de pensée et de recrutement.
Or depuis le mois de mai dernier, cette gestion est remise en cause. Le professeur Leboyer a fait savoir dans les couloirs qu'elle compte réclamer le déconventionnement des deux CMP pour une reprise en gestion directe par l'AP-HP. Cela suppose de demander au Préfet de dénoncer l'actuelle convention liant le département à l'association. Un déconventionnement, qu'est-ce que cela signifie ? Ça signifie "une meilleure fluidité des moyens et des personnels" nous disent les administrateurs de l'intra. On traduit : intervention dans les pratiques et casse des équipes, la prescription de pratiques d'abattage et les conditions déplorables de reclassement obligeront la plupart à démissionner. Bref, le déconventionnement signifie des centaines de patients sur le carreau à cause du départ obligé de leurs médecins, infirmiers, thérapeutes qui avaient recueilli leur confiance grâce à une écoute attentive et particularisée, qui avaient tissé des liens privilégiés avec les partenaires locaux, qui avaient garanti la continuité des soins en ambulatoire depuis 32 ans à leurs patients, pour beaucoup psychotiques, qui ont pu alors continuer à vivre hors l'hôpital.
Alors pourquoi déconventionner ? Les motifs évoqués sont aussi surprenants que fallacieux :
- manque de dynamisme de la gestion associative (alors qu'un des CMP venait de permettre la création d'un CATTP !!!)
- impossibilité pour le médecin-chef d’exercer sa responsabilité médicale (médecin-chef qui malgré les invitation n'a daigné mettre le pied dans les deux CMP!!!)
- complexité des problèmes administratifs liés à la gestion associative
- homogénéisation du parc informatique.
Ce dernier argument nous a semblé saugrenu. C'est oublier que la question informatique est primordiale pour le Professeur Leboyer. En effet, il faut savoir que le service du professeur Rouillon-Leboyer se veut être à la pointe de la recherche en psychiatrie génétique, épidémiologique et pharmacologique, et compte bien devenir LE centre de référence en matière de "troubles bipolaires". Il faut savoir aussi que le financement des recherches se fait au prorata des populations incluses dans les protocoles. Dès lors la main basse sur les CMP permettrait d'enfler les protocoles de quelques centaines de candidats et donc d'accroître les financements. D'où l'importance de l'homogénéisation du parc, pour le transfert des données, la circulation des logiciels et la systématisation des essais cliniques.
Voilà ce que propose le Professeur Leboyer : transformer les patients en chiffres, les files actives en cohortes. Cette habitude est déjà bien répandue dans l’un des CMP où travaillent des praticiens de l'intra. Un nombre préoccupant de patients sont diagnostiqués "bipolaires" et traités par la même molécule. Dans ce contexte de "dé-sujetisation", et de "cobayisation" on ne s'étonne pas que la seule technique thérapeutique autre que le médicament soit les TCC, très utilisées par ces praticiens, l'une et l'autre ayant pourtant prouvé leurs limites, notamment en termes de risque de passage à l'acte suicidaire. Mais l'on pourra toujours dire que c'est à cause de la dureté du siècle. Ô Dame Science et Recherche, quand tu nous tiens…
Finie la co-existence respectueuse, l'AP-HP veut s'emparer du secteur de psychiatrie, domaine où elle n'a pas d'expérience. La DDASS est d'accord, à condition qu'il n'y ait aucun licenciement à financer. Alors le Professeur Leboyer s'est mise à clamer que cela serait merveilleux d'être enfin réunis. Depuis Mai dernier, toute l'association (4 CMP, 13 CMPP, 3 établissements et services regroupant près de 300 salariés) est en lutte pour dénoncer les méfaits d'un déconventionnement à la DDASS, aux élus locaux, députés et sénateurs, aux médias. Le 11 octobre, l'AP-HP saisit officiellement le Préfet, seule personne habilitée à rompre la convention.
Depuis 8 mois, nous nous expliquons, nous rencontrons fonctionnaires DDASS et HP-HP dont la langue de bois, le mensonge et la mauvaise foi laissent pantois. Ils sont demeurés parfaitement sourds à la clinique du quotidien et au risque pris pour les patients. Nous organisons assemblées générales, réunions d'information et rassemblements pour alerter les pouvoirs politiques, syndicats et presse sur ce que signifie vraiment l'extension de l'empire Rouillon-Leboyer pour nos patients et nous affirmons l'importance de préserver et de transmettre une clinique qui fasse sa place au sujet aussi malades et dangereux soient-il. Nous rencontrons les élus locaux, maires, députés, conseillers généraux, sénateurs qui eux ont vite saisi où se situait le bien de leurs administrés. Leur mobilisation a permis de geler le processus de déconventionnement jusqu'à ce jour, mais rien n'est encore gagné.
Nous avons créé un collectif de défense. Notre prochaine réunion aura lieu le lundi 14 février à 20:30 au siège social de l'APSI (Sucy-en-brie)
Le 1er février 2005,
Claire Blain, déléguée du personnel à l'APSI
claire9@free.fr
Dernière minute : Nous venons d'apprendre la signature du déconventionnement. La journaliste du Monde qui enquête sur cette affaire l'a appris de la bouche du Préfet. Un Préfet sur le départ qui n'a à aucun moment pris le soin de nous consulter !...
Nous avons dans le Val-de-Marne un malheureux exemple de l'obstination belliqueuse d'une équipée pharmaco-épidémio-génético-comportementaliste à asseoir leur diktat et ce faisant éradiquer la clinique psychanalytique des CMP. A la tête de la l'équipée, le Professeur Rouillon (chercheur en psychiatrie génétique et épidémiologique à l'INSERM Unité 513), chef de secteur attaché à l'hôpital Albert Chenevier de Créteil, qui après avoir mis au pas une partie du secteur psychiatrique du département, sévit à la cellule d'appui scientifique de la DGS au ministère. Pour continuer le travail d'éradication il a nommé le Professeur Leboyer (chercheur en psychiatrie génétique et épidémiologique à l'INSERM Unité 513) qui assure son intérim et détient les trois secteurs de Boissy-Saint-Léger, Maisons-Alfort et Créteil.
Malgré l'hégémonie des théories et des pratiques préconisées par Monsieur Rouillon en intra-hospitalier, quelques irréductibles défenseurs d'une clinique à l'écoute du sujet ont réussi à survivre dans les CMP de Maisons-Alfort et Boissy-Saint-Léger, dans une co-existence somme toute plutôt respectueuse. Ce respect était largement dû à une particularité peu courante : la gestion de ces deux CMP est confiée à une association (APSI) depuis 1972, qui en assura leur création et leur fonctionnement. Cette gestion associative, reconduite en 1989, a garanti une relative autonomie de pensée et de recrutement.
Or depuis le mois de mai dernier, cette gestion est remise en cause. Le professeur Leboyer a fait savoir dans les couloirs qu'elle compte réclamer le déconventionnement des deux CMP pour une reprise en gestion directe par l'AP-HP. Cela suppose de demander au Préfet de dénoncer l'actuelle convention liant le département à l'association. Un déconventionnement, qu'est-ce que cela signifie ? Ça signifie "une meilleure fluidité des moyens et des personnels" nous disent les administrateurs de l'intra. On traduit : intervention dans les pratiques et casse des équipes, la prescription de pratiques d'abattage et les conditions déplorables de reclassement obligeront la plupart à démissionner. Bref, le déconventionnement signifie des centaines de patients sur le carreau à cause du départ obligé de leurs médecins, infirmiers, thérapeutes qui avaient recueilli leur confiance grâce à une écoute attentive et particularisée, qui avaient tissé des liens privilégiés avec les partenaires locaux, qui avaient garanti la continuité des soins en ambulatoire depuis 32 ans à leurs patients, pour beaucoup psychotiques, qui ont pu alors continuer à vivre hors l'hôpital.
Alors pourquoi déconventionner ? Les motifs évoqués sont aussi surprenants que fallacieux :
- manque de dynamisme de la gestion associative (alors qu'un des CMP venait de permettre la création d'un CATTP !!!)
- impossibilité pour le médecin-chef d’exercer sa responsabilité médicale (médecin-chef qui malgré les invitation n'a daigné mettre le pied dans les deux CMP!!!)
- complexité des problèmes administratifs liés à la gestion associative
- homogénéisation du parc informatique.
Ce dernier argument nous a semblé saugrenu. C'est oublier que la question informatique est primordiale pour le Professeur Leboyer. En effet, il faut savoir que le service du professeur Rouillon-Leboyer se veut être à la pointe de la recherche en psychiatrie génétique, épidémiologique et pharmacologique, et compte bien devenir LE centre de référence en matière de "troubles bipolaires". Il faut savoir aussi que le financement des recherches se fait au prorata des populations incluses dans les protocoles. Dès lors la main basse sur les CMP permettrait d'enfler les protocoles de quelques centaines de candidats et donc d'accroître les financements. D'où l'importance de l'homogénéisation du parc, pour le transfert des données, la circulation des logiciels et la systématisation des essais cliniques.
Voilà ce que propose le Professeur Leboyer : transformer les patients en chiffres, les files actives en cohortes. Cette habitude est déjà bien répandue dans l’un des CMP où travaillent des praticiens de l'intra. Un nombre préoccupant de patients sont diagnostiqués "bipolaires" et traités par la même molécule. Dans ce contexte de "dé-sujetisation", et de "cobayisation" on ne s'étonne pas que la seule technique thérapeutique autre que le médicament soit les TCC, très utilisées par ces praticiens, l'une et l'autre ayant pourtant prouvé leurs limites, notamment en termes de risque de passage à l'acte suicidaire. Mais l'on pourra toujours dire que c'est à cause de la dureté du siècle. Ô Dame Science et Recherche, quand tu nous tiens…
Finie la co-existence respectueuse, l'AP-HP veut s'emparer du secteur de psychiatrie, domaine où elle n'a pas d'expérience. La DDASS est d'accord, à condition qu'il n'y ait aucun licenciement à financer. Alors le Professeur Leboyer s'est mise à clamer que cela serait merveilleux d'être enfin réunis. Depuis Mai dernier, toute l'association (4 CMP, 13 CMPP, 3 établissements et services regroupant près de 300 salariés) est en lutte pour dénoncer les méfaits d'un déconventionnement à la DDASS, aux élus locaux, députés et sénateurs, aux médias. Le 11 octobre, l'AP-HP saisit officiellement le Préfet, seule personne habilitée à rompre la convention.
Depuis 8 mois, nous nous expliquons, nous rencontrons fonctionnaires DDASS et HP-HP dont la langue de bois, le mensonge et la mauvaise foi laissent pantois. Ils sont demeurés parfaitement sourds à la clinique du quotidien et au risque pris pour les patients. Nous organisons assemblées générales, réunions d'information et rassemblements pour alerter les pouvoirs politiques, syndicats et presse sur ce que signifie vraiment l'extension de l'empire Rouillon-Leboyer pour nos patients et nous affirmons l'importance de préserver et de transmettre une clinique qui fasse sa place au sujet aussi malades et dangereux soient-il. Nous rencontrons les élus locaux, maires, députés, conseillers généraux, sénateurs qui eux ont vite saisi où se situait le bien de leurs administrés. Leur mobilisation a permis de geler le processus de déconventionnement jusqu'à ce jour, mais rien n'est encore gagné.
Nous avons créé un collectif de défense. Notre prochaine réunion aura lieu le lundi 14 février à 20:30 au siège social de l'APSI (Sucy-en-brie)
Le 1er février 2005,
Claire Blain, déléguée du personnel à l'APSI
claire9@free.fr
Dernière minute : Nous venons d'apprendre la signature du déconventionnement. La journaliste du Monde qui enquête sur cette affaire l'a appris de la bouche du Préfet. Un Préfet sur le départ qui n'a à aucun moment pris le soin de nous consulter !...