Audition de M. Guy ROUQUET, Président de l’association « Psychothérapie Vigilance »
(Procès-verbal de la séance du 12 septembre 2006)
Extraits :
Présidence de M. Georges FENECH, Président
M. Guy ROUQUET :
... Psychothérapie Vigilance existe officiellement depuis juillet 2001. L’association est au service des demandeurs de soins psychiques et, de façon privilégiée, des victimes de thérapies déviantes, abusives ou psychosectaires.
... M. Guy ROUQUET : Pour conclure, je formerai trois voeux.
En premier lieu, les décrets d’application destinés à réglementer l’usage du titre de psychothérapeute n’ont pas encore été publiés. Plus de deux ans se sont écoulés depuis que le Parlement a voté la loi. Pourquoi cette carence ? Le ministre de la santé a voulu s’emparer personnellement du dossier. Le 7 avril 2006, il a présenté une proposition qui a fait la joie des personnes et structures que la loi combattait pour assainir un tant soit peu certains secteurs du champ sanitaire et social, mais, ce faisant, il a aussi soulevé d’indignation les associations de victimes de sectes comme tous ceux qui se sont mis au service des victimes de thérapies déviantes, abusives et psychosectaires. Le 9 avril, par lettre, Psychothérapie Vigilance a exprimé son « désarroi » et son « effarement » et retiré le soutien qu’il avait apporté au premier avant-projet de décret, qui était, lui, respectueux de la lettre et de l’esprit de la loi. Mon association vous invite donc à interroger directement le ministre de la santé à ce sujet.
En deuxième lieu, la notion de victime soulève un problème juridique. Alors que les parents sont responsables de leurs enfants majeurs quand ces derniers sont en infraction, ils n’ont en revanche pas voix au chapitre si ces mêmes enfants sont pris dans l’engrenage sectaire ou psychosectaire, car l’abus d’ignorance ou l’état de faiblesse n’est pas encore pris en compte par les magistrats, qui ont du mal à l’établir et sont enclins à abandonner la partie sous les coups de boutoir de la défense. Il est vrai, comme l’a fort bien écrit le père Jacques Trouslard, que les prétoires sont des tribunes pour les sectes et que ces dernières sont solidaires dans la tempête. « Qui en choque un, se les jette tous sur les bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus sont toujours les dupes des autres » fait dire Molière à Dom Juan à la scène 2 de l’acte V, ajoutant même : « Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. »…
La notion de victime demande à être élargie, comme du reste les délais de prescription. Il faut y travailler, faciliter les démarches des plaignants, qui, paralysés par l’enjeu, soumis à mille pressions, inquiets par les frais occasionnés, renoncent à poursuivre. Permettez-moi une évaluation : une personne sur cent expose par écrit la tragédie dans laquelle elle est plongée ; sur cent dossiers portés à la connaissance des associations ou organismes de lutte et de vigilance, un seul fera l’objet d’une plainte en bonne et due forme ; sur cent plaintes déposées, une seule sera véritablement suivie d’effet, avec un accès aléatoire au tribunal.
Modifier la notion de victime, l’élargir à la parenté – parents mais aussi grandsparents –, bien sûr en prenant des précautions, permettrait à la société de se rendre compte de l’ampleur du phénomène et de combattre l’idée que véhiculent vos adversaires, à savoir que les victimes n’existent que dans notre imagination. Dans l’immédiat, c’est d’aide et d’assistance à personne en danger ou en grande détresse qu’il s’agit ; à court terme, de l’avenir de notre démocratie et des valeurs qui nous rassemblent et qui ont présidé à la création de votre commission. C’est pourquoi, outre la modification de la notion de victime, Psychothérapie Vigilance interpelle l’État à travers vous pour qu’il réfléchisse à la constitution progressive, dans chaque région puis dans chaque département, d’une structure officielle à même de soutenir les victimes – au sens large – dans leurs démarches et d’éclairer les magistrats et officiers de police judiciaire sur le mode opératoire des professionnels de la désinformation, de l’infiltration et de la manipulation mentale que nous combattons. Des cellules de vigilance existent déjà mais pas partout.
Leur rôle est remarquable. Mais il faut aussi créer des cellules permanentes de défense, d’assistance et d’information, spécialisées en victimologie, intégrant des médecins, des psychologues, des avocats, des représentants d’associations engagées sur le terrain, voire de particuliers aux compétences reconnues. Dans cette même dynamique, il faut faire en sorte que le Conseil national de l’Ordre des médecins ne désavoue pas autant qu’il le fait actuellement les instances régionales qui se sont prononcées dans leur commission disciplinaire ; la relaxe pure et simple y est trop souvent décidée en appel. Un code de déontologie existe. Il n’est pas admissible que des professionnels de la santé le méconnaissent, n’en tiennent pas compte ou n’en fassent pas respecter les articles. Pour compléter le dispositif, il paraît non moins capital que le code de déontologie des psychologues, dont le titre est protégé et la formation réglementée, soit agréé au même titre que celui des médecins. L’état des lieux nécessite des mesures d’urgence : la situation n’est pas grave, elle est pire.
...
M. le Président : Quelle est la position de votre association quant à l’amendement Accoyer ?
M. Guy ROUQUET : Nous étions tout à fait d’accord avec la première version, jugeant toutefois que l’idée d’accréditer tous ceux qui avaient au moins cinq ans de pratique était catastrophique dans la mesure où les gens que j’ai cités sont sur le terrain depuis au moins vingt ans. J’avais signé un article dans le Figaro à ce propos.
Les techniques se multiplient : on a parlé de 200, mais on en recensait déjà 400 il y a dix ans à San Francisco… Chaque thérapeute invente la sienne, mais nous nous apercevons qu’ils sont tous en relation et qu’il existe une véritable culture de groupe autour d’un projet holistique qui vise à prendre tout le monde dans ses filets.
Bien évidemment, les enfants sont concernés : parfois les enseignants eux-mêmes conseillent d’aller voir un « psy » sans savoir exactement ce que cela veut dire car, si les psychiatres sont des médecins spécialisés, s’il existe parmi les psychologues des cliniciens qui ont fait cinq ans d’études, ce sont les psychanalystes qui posent problème dans la mesure où l’on peut s’autoproclamer tel. C’est cette difficulté que l’on retrouve avec l’amendement Accoyer. Dans la perspective de l’application de la loi, des associations de psychothérapeutes ajoutent « et de psychanalystes » à leur raison sociale, au risque d’être victimes d’un entrisme.
C’est pourquoi nous attendons avec impatience des décrets d’application rigoureux et pourquoi nous nous insurgeons contre la volonté du ministre de la santé d’accréditer tous les psychothérapeutes en exercice.
Ce serait en effet une catastrophe. Mic, la psychothérapeute dont je vous ai parlé, a formé des dizaines et des dizaines de personnes à son image, qui toutes veulent sauver le monde, qui n’ont aucune formation en psychopathologie et qui diffusent une idéologie fumeuse.
M. le Président : Soyez assurés que nous sommes, comme vous, vigilants quant aux décrets d’application.
M. le Rapporteur : Merci pour votre exposé, qui était aussi un témoignage militant ainsi qu’une charge très forte contre la psychothérapie.
M. Guy ROUQUET : Mon propos n’était absolument pas dirigé contre la psychothérapie, qui est un soin, mais contre les psychothérapeutes non réglementés.
M. le Rapporteur : Je crois, en effet, qu’il est important de rappeler que la psychothérapie est utile. Comme toutes les professions, celle-ci compte un certain nombre de « faisans », mais il faut faire la part des choses et éviter de généraliser.
C’est pour toutes ces raisons que nous voulons que l’on dise exactement de quoi il s’agit quand on parle de « psy ». Le psychothérapeute doit être un médecin ou un psychologue, mais pas quelqu’un qui vient de nulle part tel en faisant sien le mot de Lacan - qui, lui, était intelligent, c’est toute la différence ! – « Vous avez mal au genou ? c’est que vous avez un je coincé dans le nous »… Tout cela se fait très insidieusement, comme le poison qu’une seule fourmi rapporte et qui contamine toute la fourmilière, mais en l’occurrence, la fourmilière est notre société.
M. Jacques MYARD : Nous avons déjà été confrontés à ces techniques qui jouent sur la naïveté et la fragilité.
M. Guy ROUQUET : À partir de l’idée que tout être humain peut-être déprogrammé et reprogrammé, elles sont fondées sur la recherche des « blessures » de la personne. La première blessure étant la naissance, la preuve en est que l’on a crié. À partir de là, on cherche à lui faire retrouver ce cri initial.
C’est la technique du rebirth, dont on a préconisé l’interdiction à tous les États- Unis d’Amérique suite à quatre décès. Les personnes étouffent sous un oreiller, sous des couvertures ; on leur fait croire qu’elles étaient dans le ventre de leur mère. À la fin, « au bout de neuf mois », le jeune prend une goulée d’un air et se jette dans les bras de la thérapeute en criant « maman ! »… La perversion dans le cas de Mic, c’est que pendant tout le processus d’« enfantement » supposé, deux assistantes chantaient des psaumes.
M. Serge BLISKO : Vous nous avez décrit avec passion un certain nombre de phénomènes, insistant beaucoup sur la volonté – vous avez employé le terme « holistique » –mais moins sur une chose qui paraît pourtant évidente : l’esprit de lucre.
On peut d’ailleurs s’interroger sur l’origine sociale des jeunes mineurs dont on abuse de la faiblesse pour capter l’argent de la famille.
M. Guy ROUQUET : Le chiffre d’affaires généré par ces pratiques est considérable. Le « patient », adulte comme enfant, est à la fois un cobaye et une vache à lait. Bien évidemment ce qui génère de toute cette démarche, dans une large mesure, en dehors de ce que j’ai signalé, et qui est extrêmement important et dangereux pour la démocratie, c’est cette dimension mercantile. Qui paye ? Ce n’est pas l’enfant. En même temps, tout dépendra des âges. Parfois, les parents sont déjà pris dans le système, parfois ils financent des stages ou les voyages du jeune, parfois on demande aux adolescents de gagner eux-mêmes de l’argent, souvent à l’insu de leurs parents, pour payer leur « thérapie », en lavant des voitures ou en faisant la plonge.
Nous avons affaire à des gens très habiles qui sont toujours, au regard de la loi, sur le fil du rasoir. C’est pour cela que le travail de prévention, d’information doit être d’abord dirigé vers les parents. Tel est le rôle de notre site Internet : informer à n’en plus finir les parents.
M. le Président : Je vous remercie d’avoir participé à cette importante audition, qui a grandement éclairé notre commission d’enquête.
Nous veillerons à ce que des informations nous soient apportées sur les décrets d’application et vous serez bien sûr informés de la suite de nos travaux.
(Procès-verbal de la séance du 12 septembre 2006)
Extraits :
Présidence de M. Georges FENECH, Président
M. Guy ROUQUET :
... Psychothérapie Vigilance existe officiellement depuis juillet 2001. L’association est au service des demandeurs de soins psychiques et, de façon privilégiée, des victimes de thérapies déviantes, abusives ou psychosectaires.
... M. Guy ROUQUET : Pour conclure, je formerai trois voeux.
En premier lieu, les décrets d’application destinés à réglementer l’usage du titre de psychothérapeute n’ont pas encore été publiés. Plus de deux ans se sont écoulés depuis que le Parlement a voté la loi. Pourquoi cette carence ? Le ministre de la santé a voulu s’emparer personnellement du dossier. Le 7 avril 2006, il a présenté une proposition qui a fait la joie des personnes et structures que la loi combattait pour assainir un tant soit peu certains secteurs du champ sanitaire et social, mais, ce faisant, il a aussi soulevé d’indignation les associations de victimes de sectes comme tous ceux qui se sont mis au service des victimes de thérapies déviantes, abusives et psychosectaires. Le 9 avril, par lettre, Psychothérapie Vigilance a exprimé son « désarroi » et son « effarement » et retiré le soutien qu’il avait apporté au premier avant-projet de décret, qui était, lui, respectueux de la lettre et de l’esprit de la loi. Mon association vous invite donc à interroger directement le ministre de la santé à ce sujet.
En deuxième lieu, la notion de victime soulève un problème juridique. Alors que les parents sont responsables de leurs enfants majeurs quand ces derniers sont en infraction, ils n’ont en revanche pas voix au chapitre si ces mêmes enfants sont pris dans l’engrenage sectaire ou psychosectaire, car l’abus d’ignorance ou l’état de faiblesse n’est pas encore pris en compte par les magistrats, qui ont du mal à l’établir et sont enclins à abandonner la partie sous les coups de boutoir de la défense. Il est vrai, comme l’a fort bien écrit le père Jacques Trouslard, que les prétoires sont des tribunes pour les sectes et que ces dernières sont solidaires dans la tempête. « Qui en choque un, se les jette tous sur les bras ; et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus sont toujours les dupes des autres » fait dire Molière à Dom Juan à la scène 2 de l’acte V, ajoutant même : « Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. »…
La notion de victime demande à être élargie, comme du reste les délais de prescription. Il faut y travailler, faciliter les démarches des plaignants, qui, paralysés par l’enjeu, soumis à mille pressions, inquiets par les frais occasionnés, renoncent à poursuivre. Permettez-moi une évaluation : une personne sur cent expose par écrit la tragédie dans laquelle elle est plongée ; sur cent dossiers portés à la connaissance des associations ou organismes de lutte et de vigilance, un seul fera l’objet d’une plainte en bonne et due forme ; sur cent plaintes déposées, une seule sera véritablement suivie d’effet, avec un accès aléatoire au tribunal.
Modifier la notion de victime, l’élargir à la parenté – parents mais aussi grandsparents –, bien sûr en prenant des précautions, permettrait à la société de se rendre compte de l’ampleur du phénomène et de combattre l’idée que véhiculent vos adversaires, à savoir que les victimes n’existent que dans notre imagination. Dans l’immédiat, c’est d’aide et d’assistance à personne en danger ou en grande détresse qu’il s’agit ; à court terme, de l’avenir de notre démocratie et des valeurs qui nous rassemblent et qui ont présidé à la création de votre commission. C’est pourquoi, outre la modification de la notion de victime, Psychothérapie Vigilance interpelle l’État à travers vous pour qu’il réfléchisse à la constitution progressive, dans chaque région puis dans chaque département, d’une structure officielle à même de soutenir les victimes – au sens large – dans leurs démarches et d’éclairer les magistrats et officiers de police judiciaire sur le mode opératoire des professionnels de la désinformation, de l’infiltration et de la manipulation mentale que nous combattons. Des cellules de vigilance existent déjà mais pas partout.
Leur rôle est remarquable. Mais il faut aussi créer des cellules permanentes de défense, d’assistance et d’information, spécialisées en victimologie, intégrant des médecins, des psychologues, des avocats, des représentants d’associations engagées sur le terrain, voire de particuliers aux compétences reconnues. Dans cette même dynamique, il faut faire en sorte que le Conseil national de l’Ordre des médecins ne désavoue pas autant qu’il le fait actuellement les instances régionales qui se sont prononcées dans leur commission disciplinaire ; la relaxe pure et simple y est trop souvent décidée en appel. Un code de déontologie existe. Il n’est pas admissible que des professionnels de la santé le méconnaissent, n’en tiennent pas compte ou n’en fassent pas respecter les articles. Pour compléter le dispositif, il paraît non moins capital que le code de déontologie des psychologues, dont le titre est protégé et la formation réglementée, soit agréé au même titre que celui des médecins. L’état des lieux nécessite des mesures d’urgence : la situation n’est pas grave, elle est pire.
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M. le Président : Quelle est la position de votre association quant à l’amendement Accoyer ?
M. Guy ROUQUET : Nous étions tout à fait d’accord avec la première version, jugeant toutefois que l’idée d’accréditer tous ceux qui avaient au moins cinq ans de pratique était catastrophique dans la mesure où les gens que j’ai cités sont sur le terrain depuis au moins vingt ans. J’avais signé un article dans le Figaro à ce propos.
Les techniques se multiplient : on a parlé de 200, mais on en recensait déjà 400 il y a dix ans à San Francisco… Chaque thérapeute invente la sienne, mais nous nous apercevons qu’ils sont tous en relation et qu’il existe une véritable culture de groupe autour d’un projet holistique qui vise à prendre tout le monde dans ses filets.
Bien évidemment, les enfants sont concernés : parfois les enseignants eux-mêmes conseillent d’aller voir un « psy » sans savoir exactement ce que cela veut dire car, si les psychiatres sont des médecins spécialisés, s’il existe parmi les psychologues des cliniciens qui ont fait cinq ans d’études, ce sont les psychanalystes qui posent problème dans la mesure où l’on peut s’autoproclamer tel. C’est cette difficulté que l’on retrouve avec l’amendement Accoyer. Dans la perspective de l’application de la loi, des associations de psychothérapeutes ajoutent « et de psychanalystes » à leur raison sociale, au risque d’être victimes d’un entrisme.
C’est pourquoi nous attendons avec impatience des décrets d’application rigoureux et pourquoi nous nous insurgeons contre la volonté du ministre de la santé d’accréditer tous les psychothérapeutes en exercice.
Ce serait en effet une catastrophe. Mic, la psychothérapeute dont je vous ai parlé, a formé des dizaines et des dizaines de personnes à son image, qui toutes veulent sauver le monde, qui n’ont aucune formation en psychopathologie et qui diffusent une idéologie fumeuse.
M. le Président : Soyez assurés que nous sommes, comme vous, vigilants quant aux décrets d’application.
M. le Rapporteur : Merci pour votre exposé, qui était aussi un témoignage militant ainsi qu’une charge très forte contre la psychothérapie.
M. Guy ROUQUET : Mon propos n’était absolument pas dirigé contre la psychothérapie, qui est un soin, mais contre les psychothérapeutes non réglementés.
M. le Rapporteur : Je crois, en effet, qu’il est important de rappeler que la psychothérapie est utile. Comme toutes les professions, celle-ci compte un certain nombre de « faisans », mais il faut faire la part des choses et éviter de généraliser.
C’est pour toutes ces raisons que nous voulons que l’on dise exactement de quoi il s’agit quand on parle de « psy ». Le psychothérapeute doit être un médecin ou un psychologue, mais pas quelqu’un qui vient de nulle part tel en faisant sien le mot de Lacan - qui, lui, était intelligent, c’est toute la différence ! – « Vous avez mal au genou ? c’est que vous avez un je coincé dans le nous »… Tout cela se fait très insidieusement, comme le poison qu’une seule fourmi rapporte et qui contamine toute la fourmilière, mais en l’occurrence, la fourmilière est notre société.
M. Jacques MYARD : Nous avons déjà été confrontés à ces techniques qui jouent sur la naïveté et la fragilité.
M. Guy ROUQUET : À partir de l’idée que tout être humain peut-être déprogrammé et reprogrammé, elles sont fondées sur la recherche des « blessures » de la personne. La première blessure étant la naissance, la preuve en est que l’on a crié. À partir de là, on cherche à lui faire retrouver ce cri initial.
C’est la technique du rebirth, dont on a préconisé l’interdiction à tous les États- Unis d’Amérique suite à quatre décès. Les personnes étouffent sous un oreiller, sous des couvertures ; on leur fait croire qu’elles étaient dans le ventre de leur mère. À la fin, « au bout de neuf mois », le jeune prend une goulée d’un air et se jette dans les bras de la thérapeute en criant « maman ! »… La perversion dans le cas de Mic, c’est que pendant tout le processus d’« enfantement » supposé, deux assistantes chantaient des psaumes.
M. Serge BLISKO : Vous nous avez décrit avec passion un certain nombre de phénomènes, insistant beaucoup sur la volonté – vous avez employé le terme « holistique » –mais moins sur une chose qui paraît pourtant évidente : l’esprit de lucre.
On peut d’ailleurs s’interroger sur l’origine sociale des jeunes mineurs dont on abuse de la faiblesse pour capter l’argent de la famille.
M. Guy ROUQUET : Le chiffre d’affaires généré par ces pratiques est considérable. Le « patient », adulte comme enfant, est à la fois un cobaye et une vache à lait. Bien évidemment ce qui génère de toute cette démarche, dans une large mesure, en dehors de ce que j’ai signalé, et qui est extrêmement important et dangereux pour la démocratie, c’est cette dimension mercantile. Qui paye ? Ce n’est pas l’enfant. En même temps, tout dépendra des âges. Parfois, les parents sont déjà pris dans le système, parfois ils financent des stages ou les voyages du jeune, parfois on demande aux adolescents de gagner eux-mêmes de l’argent, souvent à l’insu de leurs parents, pour payer leur « thérapie », en lavant des voitures ou en faisant la plonge.
Nous avons affaire à des gens très habiles qui sont toujours, au regard de la loi, sur le fil du rasoir. C’est pour cela que le travail de prévention, d’information doit être d’abord dirigé vers les parents. Tel est le rôle de notre site Internet : informer à n’en plus finir les parents.
M. le Président : Je vous remercie d’avoir participé à cette importante audition, qui a grandement éclairé notre commission d’enquête.
Nous veillerons à ce que des informations nous soient apportées sur les décrets d’application et vous serez bien sûr informés de la suite de nos travaux.