Lettre à Monsieur Xavier Bertrand, Ministre de la santé.
Monsieur le Ministre,
Les psychologues freudiens sont sensibles à la décision que vous avez prise de vous saisir personnellement de la question du décret d'application de l'article 52, concernant les psychothérapies, de la loi de santé publique de 2004.
Ils désirent attirer votre attention sur le fait qu'ils se sont constitués en association au lendemain du vote de l'amendement Accoyer, qui annonçait une intervention de l'Etat dans un champ dont la régulation n'avait pas jusqu'ici été du ressort direct de celui-ci.
Ils militent pour le respect de la profession de psychologue, et tiennent que la loi de 1985 qui leur a donné leur statut est toujours une bonne loi.
Ils sont certains du préjudice que leur portera très vite la création de cette nouvelle profession de psychothérapeute.
Comme la plupart des universitaires qui leur ont enseigné les savoirs fondamentaux pour s'orienter dans la pratique et la recherche cliniques, dont ils tiennent qu'elles sont étroitement solidaires, ils savent que leur formation, infinie, commence une fois leur diplôme obtenu, et qu'aucune discipline universitaire ne peut sans contrevenir à l'éthique du sujet prétendre se substituer aux organes de formation que suscitent leurs propres avancées théoriques et pratiques.
La psychothérapie n'a jamais été jusqu'à aujourd'hui l'apanage exclusif de quelque catégorie professionnelle que ce soit, même si certains collègues ont fait le choix de se présenter sous l’appellation « psychothérapeute ».
"Psychothérapie" est et selon nous doit rester le signifiant d'une demande, émanant de qui souffre dans son corps ou sa pensée et désire faire fonds sur la parole pour réduire cette souffrance et tendre à l'assumer.
Le bien-fondé de sa "prise en charge" par un tiers payant relève toujours, cas par cas, de l'appréciation des praticiens à qui la demande en est faite, il ne saurait y avoir dans cette appréciation aucun automatisme de prescription.
Sans doute un mouvement semble-t-il entraîner notre civilisation sur la voie d'une évaluation généralisée du coût de tout acte et la promotion de séquences de traitements préconçues, supposées traiter des symptômes répertoriés par avance et donc quasiment formatés.
Or nous pensons que les actes qui ont trait à l'accueil et au traitement de la souffrance psychique font encore et doivent faire limite à cette tendance, dans la mesure où, en dernier ressort, il y est question de la responsabilité du sujet et de la part qu'il peut consentir à prendre dans les désordres dont il se plaint.
Cette part n'est pas fixée a priori ni une fois pour toute, et la formation des psychologues freudiens, comme celle de tous les praticiens éclairés par la découverte freudienne et les apports qu'elle a reçus depuis un siècle les rend spécialement attentifs à cette marge de manoeuvre qui est l'index d'une vie digne de ce nom.
Les psychologues freudiens sont "de leur temps" et ils ne vont pas contre une régulation plus précise de leur champ d'activité, sans doute rendue nécessaire par toutes sortes de détournements. Mais ils savent que ceux-ci trouveront d'autres voies pour persévérer, tandis que leur pratique, qui, nous le répétons, constitue encore un frein réel aux pratiques fondées sur la simple suggestion ou l'application de protocoles standardisés, sera peu ou prou bientôt éradiquée des institutions hospitalière et médico-sociales.
C'est pourquoi ils ont marqué un intérêt particulier au sein de la coordination psy animée par Jacques-Alain Miller, à la proposition du sénateur Gouteyron, qui oeuvre pour la conception et l'organisation d'un contrôle de ces professions par elles-mêmes.
Il leur semble que ces professionnels méritent cette confiance, et ils sont donc, très attentifs au choix que vous ferez.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de notre haute considération.
Pour le Bureau des psychologues freudiens*
Nathalie Georges, vice-Présidente
* Présidente : Marie-Claude Sureau
25/02/2006
Monsieur le Ministre,
Les psychologues freudiens sont sensibles à la décision que vous avez prise de vous saisir personnellement de la question du décret d'application de l'article 52, concernant les psychothérapies, de la loi de santé publique de 2004.
Ils désirent attirer votre attention sur le fait qu'ils se sont constitués en association au lendemain du vote de l'amendement Accoyer, qui annonçait une intervention de l'Etat dans un champ dont la régulation n'avait pas jusqu'ici été du ressort direct de celui-ci.
Ils militent pour le respect de la profession de psychologue, et tiennent que la loi de 1985 qui leur a donné leur statut est toujours une bonne loi.
Ils sont certains du préjudice que leur portera très vite la création de cette nouvelle profession de psychothérapeute.
Comme la plupart des universitaires qui leur ont enseigné les savoirs fondamentaux pour s'orienter dans la pratique et la recherche cliniques, dont ils tiennent qu'elles sont étroitement solidaires, ils savent que leur formation, infinie, commence une fois leur diplôme obtenu, et qu'aucune discipline universitaire ne peut sans contrevenir à l'éthique du sujet prétendre se substituer aux organes de formation que suscitent leurs propres avancées théoriques et pratiques.
La psychothérapie n'a jamais été jusqu'à aujourd'hui l'apanage exclusif de quelque catégorie professionnelle que ce soit, même si certains collègues ont fait le choix de se présenter sous l’appellation « psychothérapeute ».
"Psychothérapie" est et selon nous doit rester le signifiant d'une demande, émanant de qui souffre dans son corps ou sa pensée et désire faire fonds sur la parole pour réduire cette souffrance et tendre à l'assumer.
Le bien-fondé de sa "prise en charge" par un tiers payant relève toujours, cas par cas, de l'appréciation des praticiens à qui la demande en est faite, il ne saurait y avoir dans cette appréciation aucun automatisme de prescription.
Sans doute un mouvement semble-t-il entraîner notre civilisation sur la voie d'une évaluation généralisée du coût de tout acte et la promotion de séquences de traitements préconçues, supposées traiter des symptômes répertoriés par avance et donc quasiment formatés.
Or nous pensons que les actes qui ont trait à l'accueil et au traitement de la souffrance psychique font encore et doivent faire limite à cette tendance, dans la mesure où, en dernier ressort, il y est question de la responsabilité du sujet et de la part qu'il peut consentir à prendre dans les désordres dont il se plaint.
Cette part n'est pas fixée a priori ni une fois pour toute, et la formation des psychologues freudiens, comme celle de tous les praticiens éclairés par la découverte freudienne et les apports qu'elle a reçus depuis un siècle les rend spécialement attentifs à cette marge de manoeuvre qui est l'index d'une vie digne de ce nom.
Les psychologues freudiens sont "de leur temps" et ils ne vont pas contre une régulation plus précise de leur champ d'activité, sans doute rendue nécessaire par toutes sortes de détournements. Mais ils savent que ceux-ci trouveront d'autres voies pour persévérer, tandis que leur pratique, qui, nous le répétons, constitue encore un frein réel aux pratiques fondées sur la simple suggestion ou l'application de protocoles standardisés, sera peu ou prou bientôt éradiquée des institutions hospitalière et médico-sociales.
C'est pourquoi ils ont marqué un intérêt particulier au sein de la coordination psy animée par Jacques-Alain Miller, à la proposition du sénateur Gouteyron, qui oeuvre pour la conception et l'organisation d'un contrôle de ces professions par elles-mêmes.
Il leur semble que ces professionnels méritent cette confiance, et ils sont donc, très attentifs au choix que vous ferez.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de notre haute considération.
Pour le Bureau des psychologues freudiens*
Nathalie Georges, vice-Présidente
* Présidente : Marie-Claude Sureau
25/02/2006