Que signifierait l’acte de négocier les décrets d’application qui doivent préciser les modalités d’obtention du titre de psychothérapeute et en particulier ce qu’il en sera de la formation théorique et pratique en psychopathologie clinique que les médecins, les psychologues, les psychothérapeutes et les psychanalystes devront avoir reçue pour pouvoir prétendre au titre de psychothérapeute et être inscrits auprès du représentant de l’Etat ?
Cet acte choisirait de confondre, de substituer les conditions de la formation si complète soit-elle à l’acte incontournable sans lequel personne ne doit pouvoir prétendre être psychothérapeute ou psychanalyste : avoir effectué pour son propre compte une psychothérapie ou une psychanalyse. Aucune formation si docte soit-elle, universitaire ou en dehors de l’université, ne saurait produire du psychothérapeute ou du psychanalyste.
Laisser croire qu’une formation théorique et pratique en psychopathologie clinique permettrait d’accéder au titre de psychothérapeute relève de l’escroquerie intellectuelle et de la tromperie calculée.
Si les Assemblées ont choisi, après avoir dans un premier temps envisager évaluer les pratiques et les contrôler, (nous avons vu le résultat et les perspectives d’avenir avec le rapport de l’INSERM de février 2004), de réglementer les formations, c’est bien parce qu’elles ont décidé de ne rien céder sur le contrôle des pratiques qui devront passer à la moulinette d’une évaluation économique et idéologique que nous ne pouvons plus ignorer. Commencer à contrôler les formations en psychopathologie c’est commencer à contrôler les pratiques même si ces formations se voulaient les plus ouvertes et les plus approfondies.
S’engager à négocier les décrets dont le cadre est clairement affiché dans le texte de loi serait donc accepter que les psychothérapies ne soient que des techniques, des savoirs faire contrôlables, évaluables , rentables, ( il suffit de voir ce que l’Etat envisage avec la recomposition des métiers de la santé en préparant ainsi la disparition des statuts, des professions et d’un certains nombre de pratiques pour le plus grand bien du libéralisme insatiable), coupés de l’engagement particulier à chacun dans sa propre psychothérapie ou sa propre psychanalyse.
S’engager dans cette voie, comme on nous y invite, serait accepter de liquider par quelques traits de plume ce qui a été pour nombre d’entre nous notre expérience de base.
Ce faisant, nous accepterions la paramédicalisation non seulement des psychothérapies mais tout autant la paramédicalisation de la profession de psychologue dont chacun sait que les autorités médicales ne cessent de rêver (souvenons nous du rapport de l’Académie de médecine sur les psychothérapies et le rapport Cléry-Melin). Paramédicaliser par le biais d’un certain enseignement de la psychopathologie clinique que les médecins ne manqueront pas de s’arroger, sera un grand pas en direction d’une paramédicalisation de la profession dont on voit déjà l’avancée par le biais de masters d’oncopsychologie ou de neuropsychologie dont les titulaires ont bien du mal à se reconnaître comme des psychologues. Ce sera accepter la mise sous tutelle de la pratique des psychologues car les pouvoirs publics ne s’arrêteront pas en si bon chemin surtout si nous leur indiquons que la voie est libre.
Ferrailler à propos des décrets ne contribuera pas à faire obstacle à la tentative de para médicalisation des psychologues mais bien au contraire à accepter d’ajouter une pierre supplémentaire à l’édifice. En effet, nous savons tous que cet article 52 est une condensation de nombreuses orientations qui visent toutes la même chose : une instrumentalisation du malaise et de la souffrance, un contrôle individuel et social au service d’une idéologie qui n’est pas seulement économique. Toute acceptation de la discussion, nous le savons tous aussi, est récupérée comme caution apportée à la validation d’une concertation, alibi de toutes les décisions prises.
L’article 52 est le symptôme de choix politique et économique mais il est aussi le symptôme d’un recul de la pensée pour l’ensemble des praticiens concernés qui n’ignorent pas que la protocolisation des pratiques est en marche et que nombre d’actes pourraient être du ressort non plus de professions titrées mais de « compétences », précisément non liées à une profession. Il suffit de prendre connaissance des fiches métiers qui, dans la fonction publique, viennent d’être adoptées dans l’indifférence générale. Le terme de compétence devient le nouveau sésame du libéralisme et, avec lui, s’envole la profession, terme désormais rétrograde qui, à cause du travail de pensée qu’il a pu générer, est jugé insuffisamment malléable et flexible pour développer le grand marché de la santé. Un savoir et un savoir-faire jugé rentable feront bien l’affaire. ON nous propose de signer, voire de nous saigner entre nous avant de signer.
Ferons-nous cela ?
La Commission Psychologues du syndicat Sud Santé-Sociaux vous invite à ne pas le faire. Nous avons tant à faire pour défendre notre profession, la formation universitaire qui devrait exister et ne pas conduire une génération d’étudiants au chômage, des diplômes qui ne tronçonnent pas les pratique selon les tranches d’âge et les symptômes. Mais rappelons, une fois encore, que la formation universitaire quelle qu’elle soit ne saurait produire du psychothérapeute.
Enfin, ni la demande ni le désir ne sauraient se décréter. Psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, psychanalystes ne démériteraient pas à ne pas l’ignorer.
Janvier 2005
Cet acte choisirait de confondre, de substituer les conditions de la formation si complète soit-elle à l’acte incontournable sans lequel personne ne doit pouvoir prétendre être psychothérapeute ou psychanalyste : avoir effectué pour son propre compte une psychothérapie ou une psychanalyse. Aucune formation si docte soit-elle, universitaire ou en dehors de l’université, ne saurait produire du psychothérapeute ou du psychanalyste.
Laisser croire qu’une formation théorique et pratique en psychopathologie clinique permettrait d’accéder au titre de psychothérapeute relève de l’escroquerie intellectuelle et de la tromperie calculée.
Si les Assemblées ont choisi, après avoir dans un premier temps envisager évaluer les pratiques et les contrôler, (nous avons vu le résultat et les perspectives d’avenir avec le rapport de l’INSERM de février 2004), de réglementer les formations, c’est bien parce qu’elles ont décidé de ne rien céder sur le contrôle des pratiques qui devront passer à la moulinette d’une évaluation économique et idéologique que nous ne pouvons plus ignorer. Commencer à contrôler les formations en psychopathologie c’est commencer à contrôler les pratiques même si ces formations se voulaient les plus ouvertes et les plus approfondies.
S’engager à négocier les décrets dont le cadre est clairement affiché dans le texte de loi serait donc accepter que les psychothérapies ne soient que des techniques, des savoirs faire contrôlables, évaluables , rentables, ( il suffit de voir ce que l’Etat envisage avec la recomposition des métiers de la santé en préparant ainsi la disparition des statuts, des professions et d’un certains nombre de pratiques pour le plus grand bien du libéralisme insatiable), coupés de l’engagement particulier à chacun dans sa propre psychothérapie ou sa propre psychanalyse.
S’engager dans cette voie, comme on nous y invite, serait accepter de liquider par quelques traits de plume ce qui a été pour nombre d’entre nous notre expérience de base.
Ce faisant, nous accepterions la paramédicalisation non seulement des psychothérapies mais tout autant la paramédicalisation de la profession de psychologue dont chacun sait que les autorités médicales ne cessent de rêver (souvenons nous du rapport de l’Académie de médecine sur les psychothérapies et le rapport Cléry-Melin). Paramédicaliser par le biais d’un certain enseignement de la psychopathologie clinique que les médecins ne manqueront pas de s’arroger, sera un grand pas en direction d’une paramédicalisation de la profession dont on voit déjà l’avancée par le biais de masters d’oncopsychologie ou de neuropsychologie dont les titulaires ont bien du mal à se reconnaître comme des psychologues. Ce sera accepter la mise sous tutelle de la pratique des psychologues car les pouvoirs publics ne s’arrêteront pas en si bon chemin surtout si nous leur indiquons que la voie est libre.
Ferrailler à propos des décrets ne contribuera pas à faire obstacle à la tentative de para médicalisation des psychologues mais bien au contraire à accepter d’ajouter une pierre supplémentaire à l’édifice. En effet, nous savons tous que cet article 52 est une condensation de nombreuses orientations qui visent toutes la même chose : une instrumentalisation du malaise et de la souffrance, un contrôle individuel et social au service d’une idéologie qui n’est pas seulement économique. Toute acceptation de la discussion, nous le savons tous aussi, est récupérée comme caution apportée à la validation d’une concertation, alibi de toutes les décisions prises.
L’article 52 est le symptôme de choix politique et économique mais il est aussi le symptôme d’un recul de la pensée pour l’ensemble des praticiens concernés qui n’ignorent pas que la protocolisation des pratiques est en marche et que nombre d’actes pourraient être du ressort non plus de professions titrées mais de « compétences », précisément non liées à une profession. Il suffit de prendre connaissance des fiches métiers qui, dans la fonction publique, viennent d’être adoptées dans l’indifférence générale. Le terme de compétence devient le nouveau sésame du libéralisme et, avec lui, s’envole la profession, terme désormais rétrograde qui, à cause du travail de pensée qu’il a pu générer, est jugé insuffisamment malléable et flexible pour développer le grand marché de la santé. Un savoir et un savoir-faire jugé rentable feront bien l’affaire. ON nous propose de signer, voire de nous saigner entre nous avant de signer.
Ferons-nous cela ?
La Commission Psychologues du syndicat Sud Santé-Sociaux vous invite à ne pas le faire. Nous avons tant à faire pour défendre notre profession, la formation universitaire qui devrait exister et ne pas conduire une génération d’étudiants au chômage, des diplômes qui ne tronçonnent pas les pratique selon les tranches d’âge et les symptômes. Mais rappelons, une fois encore, que la formation universitaire quelle qu’elle soit ne saurait produire du psychothérapeute.
Enfin, ni la demande ni le désir ne sauraient se décréter. Psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, psychanalystes ne démériteraient pas à ne pas l’ignorer.
Janvier 2005