Beaucoup de psychothérapeutes considèrent que la psychothérapie personnelle est l’élément principal de leur formation.
Certains, comme les psychologues de Sud-santé (voir leur article de janvier 2005 sur ce site), vont jusqu’à accuser d’escroquerie intellectuelle, les opposants à ce postulat…si bien que face à la violence de ces accusations, on peut souhaiter répondre…
Précisons tout d’abord que le simple fait de la part de ces soi-disant « véritables » psychothérapeutes, de se permettre ainsi d’insulter certains de leurs collègues, suffit pour nous à jeter le discrédit et l’opprobre sur leurs déclarations…
Car que savent-ils précisément concernant ces opposants et les raisons de leur opposition ? Tout porte à répondre rien ou alors pas grand chose…si ce n’est que ces derniers commettent le crime de lèse-majesté de ne pas être d’accord avec eux, ou de n’avoir pas suivi le même chemin…
Cela étant, ce n’est pas une attitude digne des fonctions qu’ils prétendent par ailleurs être à même d’exercer correctement…car, éthiquement bien compris, le métier de psychothérapeute implique la reconnaissance et le respect l’autre ..toutes choses qui ne peuvent et ne devraient pas se limiter au cadre de leur organisation, de leur cabinet, ou de leurs consultations…comme cela semble être le cas.
Pour le reste, il y a fort lieu de douter que l’exercice de la psychothérapie puisse un jour faire bon ménage avec la politique politicienne et ses sempiternels clivages…mais nous ne nous étendrons pas sur ce point…
Quoi qu’il en soit, lorsqu’on voit à quoi aboutissent les années de psychothérapie personnelle de certains, on ne peut s’empêcher de penser que soit ils se sont trompés car il leur restait encore beaucoup de chemin à faire, soit leur soit-disant vocation n’est en définitive qu’une erreur grossière d’orientation…
Car en effet, a contrario, il ne suffit pas d’avoir fait une psychothérapie personnelle pour être à même de devenir psychothérapeute…et ce fait ne peut en aucun cas tenir lieu d’une garantie… comme on voudrait nous le faire croire…et comme on s’en rend compte lorsque l’on est amené à rencontrer certains patients ou psychothérapeutes ayant fait une analyse ou une psychothérapie personnelle…
Par conséquent, il faudrait admettre que la psychothérapie personnelle à elle seule, pas plus que la formation universitaire à elle seule, ou même ces 2 conditions réunies, ne produisent du psychothérapeute…et que les principales raisons du devenir psychothérapeute sont ailleurs, ou en tout cas beaucoup plus fines et complexes que celles qu’on voudrait nous faire croire…on a envie de dire structurales, ce qui donne une idée de l’abîme qui sépare les termes en question…
Cela étant, à tout prendre.., qu’on nous permette de penser qu’une solide formation universitaire basée sur l’étude théorique et pratique de plusieurs modèles…entre parenthèses… représente à nos yeux ce qu’il pourrait y avoir de plus crédible en la matière…étant données précisément les prises de position sectaires et les débordements outranciers auxquels nous sommes en permanence confrontés, pour le plus grand dommage d’une formation psychothérapeutique digne de ce nom…
Quoi qu’il en soit, le postulat de la psychothérapie personnelle, emprunté directement à la psychanalyse, qui n’est pas une psychothérapie (rappelons-le afin d’éviter les amalgames…) ne va pas sans poser des problèmes de fond autant que de forme, auxquels il conviendrait de d’apporter des réponses…
Or, les psychothérapeutes dont nous venons de parler, tout en laissant entendre que seule une psychothérapie ou une analyse personnelle produit du psychothérapeute, se gardent bien de préciser ce qu’il en est de ce travail personnel ? quels sont les critères de validation de cette formation (durée, procédure, coût,…) ?
Si bien qu’à l’heure actuelle, le candidat psychothérapeute se trouve de fait renvoyé à une multitude d’écoles et d’approches, qui ne présentent aucune équivalence entre elles, et qui toutes cependant, prétendent détenir une légitimité en matière de formation à la psychothérapie…
Dans ces conditions, laisser « le choix » à un candidat totalement ou partiellement profane, de décider quelle sera la bonne formation pour lui, c’est à dire la bonne psychothérapie personnelle, notamment, relève pour nous de l’aveuglement …pour ne pas dire de l’irresponsabilité…
En outre, qu’il s’agisse de la psychanalyse ou de la psychothérapie, il est pour le moins curieux et regrettable que le principe de la formation personnelle soit si souvent revendiqué et appliqué dogmatiquement, sans aucun début de discussion ou de mise en question. …
Cette attitude, ou plutôt ce parti pris laisse songeur quand on se remémore ce que Freud écrivait sur les analystes et l’analyse personnelle…on se demande en effet, lorsqu’on lit les partisans de la psychothérapie personnelle, où sont passés l’esprit d’auto-critique, les scrupules à faire état des contradictions et à poser les vraies questions, qui font à la fois la grandeur et l’inachèvement de l’œuvre freudienne, c’est à dire finalement sa scientificité :
- « il est incontestable que les analystes n’ont pas complètement atteint dans leur propre personnalité, le degré de normalité auquel il veulent faire accéder leurs patients… » in S. Freud, Analyse avec fin et analyse sans fin, PUF, 6e édition, 2002, p.263.
- « il semble presque, cependant, qu’analyser soit le troisième de ces métiers impossibles, dans lesquels on peut d’emblée être sûr d’un succès insuffisant… », op. cit., p.263.
- « l’analyse personnelle ne peut être que brève et incomplète… », op. cit, p.264.
- « nombre d’analystes apprennent à utiliser des mécanismes de défense qui leur permettent de détourner de leur propre personne des conséquences et exigences de l’analyse…si bien qu’ils restent eux mêmes comme ils sont, et peuvent se soustraire à l’influence critique et correctrice de l’analyse… ce processus nous rappelle qu’à l’homme à qui échoit la puissance… il est difficile de ne pas en mésuser » op. cit p.264.
- « chaque analyste devrait périodiquement, par exemple tous les 5 ans, se constituer à nouveau objet de l’analyse…l’analyse personnelle cesserait d’être une tâche ayant une fin, pour devenir une tâche sans fin.. » op. cit, p.265.
En d’autre termes, l’occultation permanente de tout ce qui peut faire débat dans la question de la psychothérapie ou de l’analyse personnelle, qui fait place au rejet catégorique de toute forme de remise en question, ou à l’affirmation péremptoire de la nécessité du travail en question, est pour le moins navrante et peu digne elle aussi d’une formation psychothérapeutique digne de ce nom…
Enfin, il ne faut pas se cacher que la question de la psychothérapie personnelle pose directement celle de son coût, et que ce dernier est loin d’être à la portée de tous, comme chacun le sait…
Par conséquent, si la psychothérapie personnelle des psychothérapeutes en formation représente un marché juteux pour les instituts de formation … au point qu’on peut se demander s’il ne faut pas y voir le véritable ressort de l’importance inconditionnelle qui lui est accordée…il n’en demeure pas moins que se pose là aussi une question éthique, concernant l’élitisme auquel l’accès à la profession donne lieu sur le plan financier…
Françoise Zannier, Psychologue, 24 Avril 2005.
Certains, comme les psychologues de Sud-santé (voir leur article de janvier 2005 sur ce site), vont jusqu’à accuser d’escroquerie intellectuelle, les opposants à ce postulat…si bien que face à la violence de ces accusations, on peut souhaiter répondre…
Précisons tout d’abord que le simple fait de la part de ces soi-disant « véritables » psychothérapeutes, de se permettre ainsi d’insulter certains de leurs collègues, suffit pour nous à jeter le discrédit et l’opprobre sur leurs déclarations…
Car que savent-ils précisément concernant ces opposants et les raisons de leur opposition ? Tout porte à répondre rien ou alors pas grand chose…si ce n’est que ces derniers commettent le crime de lèse-majesté de ne pas être d’accord avec eux, ou de n’avoir pas suivi le même chemin…
Cela étant, ce n’est pas une attitude digne des fonctions qu’ils prétendent par ailleurs être à même d’exercer correctement…car, éthiquement bien compris, le métier de psychothérapeute implique la reconnaissance et le respect l’autre ..toutes choses qui ne peuvent et ne devraient pas se limiter au cadre de leur organisation, de leur cabinet, ou de leurs consultations…comme cela semble être le cas.
Pour le reste, il y a fort lieu de douter que l’exercice de la psychothérapie puisse un jour faire bon ménage avec la politique politicienne et ses sempiternels clivages…mais nous ne nous étendrons pas sur ce point…
Quoi qu’il en soit, lorsqu’on voit à quoi aboutissent les années de psychothérapie personnelle de certains, on ne peut s’empêcher de penser que soit ils se sont trompés car il leur restait encore beaucoup de chemin à faire, soit leur soit-disant vocation n’est en définitive qu’une erreur grossière d’orientation…
Car en effet, a contrario, il ne suffit pas d’avoir fait une psychothérapie personnelle pour être à même de devenir psychothérapeute…et ce fait ne peut en aucun cas tenir lieu d’une garantie… comme on voudrait nous le faire croire…et comme on s’en rend compte lorsque l’on est amené à rencontrer certains patients ou psychothérapeutes ayant fait une analyse ou une psychothérapie personnelle…
Par conséquent, il faudrait admettre que la psychothérapie personnelle à elle seule, pas plus que la formation universitaire à elle seule, ou même ces 2 conditions réunies, ne produisent du psychothérapeute…et que les principales raisons du devenir psychothérapeute sont ailleurs, ou en tout cas beaucoup plus fines et complexes que celles qu’on voudrait nous faire croire…on a envie de dire structurales, ce qui donne une idée de l’abîme qui sépare les termes en question…
Cela étant, à tout prendre.., qu’on nous permette de penser qu’une solide formation universitaire basée sur l’étude théorique et pratique de plusieurs modèles…entre parenthèses… représente à nos yeux ce qu’il pourrait y avoir de plus crédible en la matière…étant données précisément les prises de position sectaires et les débordements outranciers auxquels nous sommes en permanence confrontés, pour le plus grand dommage d’une formation psychothérapeutique digne de ce nom…
Quoi qu’il en soit, le postulat de la psychothérapie personnelle, emprunté directement à la psychanalyse, qui n’est pas une psychothérapie (rappelons-le afin d’éviter les amalgames…) ne va pas sans poser des problèmes de fond autant que de forme, auxquels il conviendrait de d’apporter des réponses…
Or, les psychothérapeutes dont nous venons de parler, tout en laissant entendre que seule une psychothérapie ou une analyse personnelle produit du psychothérapeute, se gardent bien de préciser ce qu’il en est de ce travail personnel ? quels sont les critères de validation de cette formation (durée, procédure, coût,…) ?
Si bien qu’à l’heure actuelle, le candidat psychothérapeute se trouve de fait renvoyé à une multitude d’écoles et d’approches, qui ne présentent aucune équivalence entre elles, et qui toutes cependant, prétendent détenir une légitimité en matière de formation à la psychothérapie…
Dans ces conditions, laisser « le choix » à un candidat totalement ou partiellement profane, de décider quelle sera la bonne formation pour lui, c’est à dire la bonne psychothérapie personnelle, notamment, relève pour nous de l’aveuglement …pour ne pas dire de l’irresponsabilité…
En outre, qu’il s’agisse de la psychanalyse ou de la psychothérapie, il est pour le moins curieux et regrettable que le principe de la formation personnelle soit si souvent revendiqué et appliqué dogmatiquement, sans aucun début de discussion ou de mise en question. …
Cette attitude, ou plutôt ce parti pris laisse songeur quand on se remémore ce que Freud écrivait sur les analystes et l’analyse personnelle…on se demande en effet, lorsqu’on lit les partisans de la psychothérapie personnelle, où sont passés l’esprit d’auto-critique, les scrupules à faire état des contradictions et à poser les vraies questions, qui font à la fois la grandeur et l’inachèvement de l’œuvre freudienne, c’est à dire finalement sa scientificité :
- « il est incontestable que les analystes n’ont pas complètement atteint dans leur propre personnalité, le degré de normalité auquel il veulent faire accéder leurs patients… » in S. Freud, Analyse avec fin et analyse sans fin, PUF, 6e édition, 2002, p.263.
- « il semble presque, cependant, qu’analyser soit le troisième de ces métiers impossibles, dans lesquels on peut d’emblée être sûr d’un succès insuffisant… », op. cit., p.263.
- « l’analyse personnelle ne peut être que brève et incomplète… », op. cit, p.264.
- « nombre d’analystes apprennent à utiliser des mécanismes de défense qui leur permettent de détourner de leur propre personne des conséquences et exigences de l’analyse…si bien qu’ils restent eux mêmes comme ils sont, et peuvent se soustraire à l’influence critique et correctrice de l’analyse… ce processus nous rappelle qu’à l’homme à qui échoit la puissance… il est difficile de ne pas en mésuser » op. cit p.264.
- « chaque analyste devrait périodiquement, par exemple tous les 5 ans, se constituer à nouveau objet de l’analyse…l’analyse personnelle cesserait d’être une tâche ayant une fin, pour devenir une tâche sans fin.. » op. cit, p.265.
En d’autre termes, l’occultation permanente de tout ce qui peut faire débat dans la question de la psychothérapie ou de l’analyse personnelle, qui fait place au rejet catégorique de toute forme de remise en question, ou à l’affirmation péremptoire de la nécessité du travail en question, est pour le moins navrante et peu digne elle aussi d’une formation psychothérapeutique digne de ce nom…
Enfin, il ne faut pas se cacher que la question de la psychothérapie personnelle pose directement celle de son coût, et que ce dernier est loin d’être à la portée de tous, comme chacun le sait…
Par conséquent, si la psychothérapie personnelle des psychothérapeutes en formation représente un marché juteux pour les instituts de formation … au point qu’on peut se demander s’il ne faut pas y voir le véritable ressort de l’importance inconditionnelle qui lui est accordée…il n’en demeure pas moins que se pose là aussi une question éthique, concernant l’élitisme auquel l’accès à la profession donne lieu sur le plan financier…
Françoise Zannier, Psychologue, 24 Avril 2005.