Lettre ouverte à Monsieur Philippe GROSBOIS,
secrétaire de la commission psychothérapies au Syndicat National des Psychologues.
Monsieur,
Vous dites sur le forum du site Oedipe, que l'article 52 de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, ne nous concerne pas, nous les psychologues, or ceci est non seulement faux mais encore dangereux !
Cet article, en créant un titre de Psychothérapeute, transfère un des champs d'action des Psychologues aux Psychothérapeutes et ce faisant dénature les pratiques que nous tentons de développer et de défendre depuis plus de 20 ans. Pratiques auxquelles notre formation universitaire nous a préparés, même si c'est de façon nécessairement incomplète, compte tenu de l'irréductible impossibilité à appréhender et à transmettre la singularité de l'expérience humaine.
Les Psychothérapeutes pourraient être formés à partir d'un niveau bac +3, lors de la mise en place de cette réglementation, ils seront aussi, psychologue, infirmier, médecin, éducateur, puis peu à peu ils ne seront plus que ceux dont la qualification permettra aux institutions de les rémunérer le moins possible.
Ces nouveaux Psychothérapeutes, travaillant sous couvert de prescriptions médicales, avec un niveau de qualification inférieure à celles des actuels Psychologues, envahiront progressivement le champ de la santé et de la réponse au symptôme.
Il ne nous restera alors que le choix de nous aligner ou de disparaître !
Combien d’entre nous, actuellement en recherche de reconnaissance et …de travail résisteront à la tentation de la prise en charge des actes et du basculement dans un système de santé ne cherchant que l’efficacité de la réponse par la suppression d'un symptôme ?
Si nous laissons l’article 52 nous diviser, nous ne pourrons plus soutenir, dans aucun de nos champs d'action, une pratique de la rencontre et du lien, ménageant à la personne un écart pour qu'elle puisse si elle le souhaite, se défaire du statut assigné par le système, fut-il de santé.
Cette pratique ne sera, donc, plus possible ni dans le système de santé, car les Psychologues y seront en concurrence avec les Psychothérapeutes, ou plutôt seront alors de ces Psychothérapeutes, ni dans d'autres champs car ils ne pourront alors plus s'appuyer sur leurs collègues pour la légitimer.
Si nous n'en prenons pas soin, le métier de Psychologue est en passe de disparaître. Et ce ne sont pas les mots « création de projets de psychologie clinique dans les établissements de santé » du plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008 qui nous feront oublier cette perspective inadmissible.
On verra, alors apparaître deux nouveaux métiers (au moins, peut-être plus !), celui de Psychothérapeute qui recouvrira les appellations actuelles de Psychologue Clinicien, Psychologue de santé, Psychologue hospitalier, sans pour cela en assumer les fonctions, et celui d'Expert en orientation/insertion et gestion de carrières avec ce que cela implique de dévoiement au niveau des pratiques dans tous les champs.
Nous pensons même possible de dire que dans les faits, cet article 52 procède à une éradication : Si tous les Psychologues cliniciens ou de santé, un par un, ne s'élèvent pas contre, ils seront de fait contraints d'accepter que l'Etat les nomme Psychothérapeutes, quand bien même ils bénéficieraient d'un « mastère de psychologie clinique et thérapeutique » (plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008). Certains d’entre nous y sont déjà prêts !
L'objectif avancé par les pouvoirs publics à la réglementation de l'appellation de psychothérapeute et à celle des psychothérapies, est de protéger le public des abus de pouvoirs et des dérives sectaires. Vous savez comme nous que non seulement cet objectif n'est absolument pas atteint, ni même en voie de l'être, grâce à cet article, mais que bien au contraire cet article prépare une reconnaissance, une validation sous l'appellation de «psychothérapie», de techniques appliquées aux psychisme, voire les favorise.
Ceux dont l'intention est d'abuser de la crédulité des personnes fragiles pour s'enrichir à leurs dépens, s'ils ne pouvaient plus utiliser le titre de psychothérapeute, pourraient en utiliser d'autres: psychopathologue, coach, .....A moins de mettre tous les professionnels en titre puis en fiche et le public avec, cette fuite en avant n'a pas de limite. Ni un titre ni un ordre, ni un « collège » qui ferait relais de diffusion de « bonnes pratiques » ne sont un rempart contre la perversion.
Si les Psychologues, quels que soient leurs champs d'exercice et leurs orientations théoriques, ne s'opposent pas, un par un, à la nomination comme psychothérapeute des psychologues qui exercent dans le champ de la santé, ils verront disparaître l'unité du seul titre qui leur permet une pratique responsable, respectueuse de leur conscience professionnelle, respectueuse des personnes qu'ils reçoivent et qu'ils doivent pouvoir continuer à considérer comme responsables ou en reconquête de leur responsabilité.
Vous concluez néanmoins : "Il serait effectivement préférable que ce décret ne voie jamais le jour et que les acteurs concernés continuent à auto-réguler leur formation et leur pratique au sein de leurs instances professionnelles et de formation, comme auparavant."
Mais pour cela, encore faudrait-il que l’on s'oppose ouvertement à la parution de ces décrets, par exemple en demandant l'abrogation de cet Art.52.
Au lieu de cela toutes les organisations se taisent ! Est-ce seulement un manque de clairvoyance?
Pourquoi le SNP ne demande t-il pas cette abrogation ?
Dans l'attente de votre réponse, recevez nos respectueuses salutations .
Marina Colombié, Christophe Etchart, Viviane Galy, Christelle Garnier, Emmanuelle Gobert, Dominique Llabres, Thierry Meyer.
Le 25 avril 2005
Liste de discussion : petition.psycho-request@ml.free.fr?subject=subscribe
secrétaire de la commission psychothérapies au Syndicat National des Psychologues.
Monsieur,
Vous dites sur le forum du site Oedipe, que l'article 52 de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, ne nous concerne pas, nous les psychologues, or ceci est non seulement faux mais encore dangereux !
Cet article, en créant un titre de Psychothérapeute, transfère un des champs d'action des Psychologues aux Psychothérapeutes et ce faisant dénature les pratiques que nous tentons de développer et de défendre depuis plus de 20 ans. Pratiques auxquelles notre formation universitaire nous a préparés, même si c'est de façon nécessairement incomplète, compte tenu de l'irréductible impossibilité à appréhender et à transmettre la singularité de l'expérience humaine.
Les Psychothérapeutes pourraient être formés à partir d'un niveau bac +3, lors de la mise en place de cette réglementation, ils seront aussi, psychologue, infirmier, médecin, éducateur, puis peu à peu ils ne seront plus que ceux dont la qualification permettra aux institutions de les rémunérer le moins possible.
Ces nouveaux Psychothérapeutes, travaillant sous couvert de prescriptions médicales, avec un niveau de qualification inférieure à celles des actuels Psychologues, envahiront progressivement le champ de la santé et de la réponse au symptôme.
Il ne nous restera alors que le choix de nous aligner ou de disparaître !
Combien d’entre nous, actuellement en recherche de reconnaissance et …de travail résisteront à la tentation de la prise en charge des actes et du basculement dans un système de santé ne cherchant que l’efficacité de la réponse par la suppression d'un symptôme ?
Si nous laissons l’article 52 nous diviser, nous ne pourrons plus soutenir, dans aucun de nos champs d'action, une pratique de la rencontre et du lien, ménageant à la personne un écart pour qu'elle puisse si elle le souhaite, se défaire du statut assigné par le système, fut-il de santé.
Cette pratique ne sera, donc, plus possible ni dans le système de santé, car les Psychologues y seront en concurrence avec les Psychothérapeutes, ou plutôt seront alors de ces Psychothérapeutes, ni dans d'autres champs car ils ne pourront alors plus s'appuyer sur leurs collègues pour la légitimer.
Si nous n'en prenons pas soin, le métier de Psychologue est en passe de disparaître. Et ce ne sont pas les mots « création de projets de psychologie clinique dans les établissements de santé » du plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008 qui nous feront oublier cette perspective inadmissible.
On verra, alors apparaître deux nouveaux métiers (au moins, peut-être plus !), celui de Psychothérapeute qui recouvrira les appellations actuelles de Psychologue Clinicien, Psychologue de santé, Psychologue hospitalier, sans pour cela en assumer les fonctions, et celui d'Expert en orientation/insertion et gestion de carrières avec ce que cela implique de dévoiement au niveau des pratiques dans tous les champs.
Nous pensons même possible de dire que dans les faits, cet article 52 procède à une éradication : Si tous les Psychologues cliniciens ou de santé, un par un, ne s'élèvent pas contre, ils seront de fait contraints d'accepter que l'Etat les nomme Psychothérapeutes, quand bien même ils bénéficieraient d'un « mastère de psychologie clinique et thérapeutique » (plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008). Certains d’entre nous y sont déjà prêts !
L'objectif avancé par les pouvoirs publics à la réglementation de l'appellation de psychothérapeute et à celle des psychothérapies, est de protéger le public des abus de pouvoirs et des dérives sectaires. Vous savez comme nous que non seulement cet objectif n'est absolument pas atteint, ni même en voie de l'être, grâce à cet article, mais que bien au contraire cet article prépare une reconnaissance, une validation sous l'appellation de «psychothérapie», de techniques appliquées aux psychisme, voire les favorise.
Ceux dont l'intention est d'abuser de la crédulité des personnes fragiles pour s'enrichir à leurs dépens, s'ils ne pouvaient plus utiliser le titre de psychothérapeute, pourraient en utiliser d'autres: psychopathologue, coach, .....A moins de mettre tous les professionnels en titre puis en fiche et le public avec, cette fuite en avant n'a pas de limite. Ni un titre ni un ordre, ni un « collège » qui ferait relais de diffusion de « bonnes pratiques » ne sont un rempart contre la perversion.
Si les Psychologues, quels que soient leurs champs d'exercice et leurs orientations théoriques, ne s'opposent pas, un par un, à la nomination comme psychothérapeute des psychologues qui exercent dans le champ de la santé, ils verront disparaître l'unité du seul titre qui leur permet une pratique responsable, respectueuse de leur conscience professionnelle, respectueuse des personnes qu'ils reçoivent et qu'ils doivent pouvoir continuer à considérer comme responsables ou en reconquête de leur responsabilité.
Vous concluez néanmoins : "Il serait effectivement préférable que ce décret ne voie jamais le jour et que les acteurs concernés continuent à auto-réguler leur formation et leur pratique au sein de leurs instances professionnelles et de formation, comme auparavant."
Mais pour cela, encore faudrait-il que l’on s'oppose ouvertement à la parution de ces décrets, par exemple en demandant l'abrogation de cet Art.52.
Au lieu de cela toutes les organisations se taisent ! Est-ce seulement un manque de clairvoyance?
Pourquoi le SNP ne demande t-il pas cette abrogation ?
Dans l'attente de votre réponse, recevez nos respectueuses salutations .
Marina Colombié, Christophe Etchart, Viviane Galy, Christelle Garnier, Emmanuelle Gobert, Dominique Llabres, Thierry Meyer.
Le 25 avril 2005
Liste de discussion : petition.psycho-request@ml.free.fr?subject=subscribe