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GRASSER Y. : Présentation des objectifs de l'Assoc Psychologues freudiens


Rédigé le Jeudi 15 Avril 2004 à 00:00 | Lu 642 commentaire(s)



PRÉSENTATION DES OBJECTIFS DE L'ASSOCIATION DES PSYCHOLOGUES FREUDIENS

Communication à la Journée des psychologues du 20 mars 2004


Les psychologues freudiens se sont constitués en association loi 1901, le 12 février 2004. Elle a pour but de défendre et promouvoir une pratique de psychologue orientée par la psychanalyse.

Elle se fonde sur le Manifeste psy diffusé par Jacques-Alain Miller dès le 15 novemebre, et sur les deux principes à partir desquels se sont regroupés psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues, psychiatres, dans la Coordination psy (lire le Nouvel Âne n°1) :

1) Le droit de la personne souffrante à choisir son psy sans interférence étatique.
2) Le devoir des psys de se porter garants devant le public, à travers leurs associations et écoles, de la qualité de la formation clinique, de la pratique thérapeutique, et de l'éthique professionnelle de leurs membres.


Une problématique plus spécifique aux psychologues, évoquée par Émile Jalley, Professeur honoraire à l'université de Paris Nord, dans un article publié dans le Journal des psychologues, n°213 (déc./janvier 2004), permet peut-être de comprendre " la préoccupation de l'usager " à propos de la formation de ses psys". Il rappelle en effet que " le fonctionnement de la psychologie à l'université " a produit " des dégâts irréparables ". Selon lui, je le cite, " une telle situation est bien " la faute à Lagache ", théoricien et praticien de la psychanalyse qui a bizarrement créé une licence de psychologie d'où cette discipline était pratiquement absente ". La raison explique-t-il, est, qu'ayant été mal élu à la Sorbonne, à la place de Meryerson, il se serait senti obligé de faire de la place à la psychologie objective de Guillaume et Piéron, sans pouvoir asseoir la psychologie clinique. Il remarque aussi que cette histoire s'est aggravée dernièrement, alors que déjà, Paul Fraisse, en 1976, dans son adresse présidentielle au 18e Congrès international de psychologie, avait lancé, en guise d'avertissement, cette formule : " la psychologie est en crise ! ".

Ce rappel nous concerne tous, et il est en effet pertinent de s'en souvenir lorsqu'on lit le Rapport de l'Inserm. L'Amendement Accoyer n'a fait que resoulever l'ensemble du problème en révélant toutes les mauvaises farces que se livrent depuis des décennies les tenants de la psychologie expérimentale et les professionnels du terrain de la psychologie clinique et de la psychanalyse. L'ennui est que cette guerre qui aujourd'hui occupe le devant de la scène, est en train d'être déplacée sur celle de l'Europe au travers des réformes à l'université et du Plan Hôpital 2007.

Le rapport de l'Inserm, publié le 26 février, en est une consternante confirmation. Il suffit d'avoir lu la synthèse de ce rapport, qui a circulé sur Internet, et le communiqué de Presse, annonçant ce rapport, de l'Association Française de Thérapie comportementale et Cognitive (AFTCC), créée en 1971 et regroupant actuellement 1000 professionnels,. Les termes de ce communiqué, disponible sur le site de l'AFTCC, devraient réveiller ceux qui, ayant l'esprit d'escalier, ne voulaient rien savoir de la guerre que menait en coulisse, depuis donc fort longtemps, la psychologie scientifique devenue évaluatrice sous la poussée des thérapeutes comportemento-cognitivistes contre la psychanalyse. Citons ce passage (2e paragraphe):

" Dans le vaste champ des psychothérapies, les thérapies comportementales et cognitives sont trop souvent méconnues. L'offre est nettement insuffisante (en France, sept cliniciens sur dix, sont d'orientation psychanalytique ou psychodynamique), alors que les thérapies comportementales et cognitives ont fait la preuve de leur efficacité dans le traitement des troubles mentaux, tels que les troubles obsessionnels, la phobie sociale, l'agoraphobie, l'anxiété et les dépressions ".

Le message est clair : Il faut renverser les statistiques, et il y aurait lieu, ce serait de bon sens, au titre du rapport de l'Inserm, de substituer la psychologie expérimentale à la psychologie clinique partout où elle sévit ! Notons que ces statistiques concernent les thérapies en vogue aux USA...

En quoi les psychologues, non formés aux TCC, sont-ils " concernés ", pour reprendre le terme cher à l'association de l'InterCopsychos ? Les psychologues cliniciens et les psychologues formés à la psychanalyse existent, ils travaillent dans des institutions sanitaires et médico-sociales, ils ne vont pas se reconvertir. Mais l'avenir pour eux est sombre depuis que la "crise de la psychologie", devenue une "guerre", a pris un tour parlementaire comme le dit le dernier paragraphe du même communiqué :

" L'AFTCC souhaite que le débat parlementaire sur l'usage du titre de psychothérapeute aboutisse à l'adoption d'un article clair. Comme tout soin médical, le traitement des troubles mentaux et comportementaux doit être exercé exclusivement par des médecins, médecins psychiatres et psychologues ayant suivi une formation spécialisée et validée en psychothérapie. Elle approuvait l'orientation de l'Amendement Accoyer voté en octobre par l'Assemblée Nationale. Mais l'AFTCC s'inquiète du flou entretenu par le texte modifié voté par le Sénat le 19 janvier dernier. Elle demande que pendant la navette parlementaire, les deux assemblées se mettent d'accord sur un texte encadrant précisément l'exercice de la profession ".

Il faut lire en parallèle l'article 18 quater, dit Amendement Mattei, rédigé par le Gouvernement :

L'usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes.
L'inscription est enregistrée sur une liste dressée par le représentant de l'Etat dans le département de leur résidence professionnelle.
Sont dispensés de l'inscription les titulaires d'un diplôme de docteur en médecine, les psychologues titulaires d'un diplôme d'Etat et les psychanalystes régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations.
Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret.


Notons que le troisième alinéa indique que seuls les titulaires d'un diplôme de docteur en médecine et le psychologue diplômé d'État sont " dispensés de l'inscription ". Notons aussi que les " psychanalystes régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations ", en sont également dispensés. Mais remarquons que l'inscription obligatoire sur la liste départementale ne concerne que les professionnels n'appartenant pas à ces trois catégories. Or, le DESS en psychologie n'est pas un diplôme d'État. Il est donc transparent que l'AFTCC, en précisant que seuls " les psychologues ayant suivi une formation spécialisée et validée en psychothérapie ", à la prétention de mettre la main sur les psychologues qui voudront ce diplôme d'État, et l'auront, mais à condition de se former dans les universités selon les critères d'efficacité des TCC dégagés dans le rapport de l'INSERM.

Deux remarques donc s'imposent :

1) Nous avons à démontrer que les thérapies cognitives et comportementalistes, qui s'incluent abusivement dans les psychothérapies, n'ont aucun titre à y prétendre. Une thérapie n'est pas une psychothérapie. Or, M. Cotraud, co-rédacteur du rapport de l'INSERM, disait ce dimanche 21 mars, sur la chaîne 5 de la télévision, qu'il ne faisait aucune différence entre les psychothérapies promues par M. Ginger et les diverses formes de TCC, toutes apportent le bonheur en quelques séances. Selon ce point de vue, il semble en effet raisonnable, d'enseigner ces ditesthérapies à l'université pour que des psychologues diplômés d'État puissent garantir la validité des séances du bonheur, ,qui seront en plus remboursées par la sécurité sociale. Il s'agit bien de s'approprier une nouvelle clientèle, féminine, qui cherche une solution à ses problèmes dans une société qui prône le droit au bien-être selon les principes de la "démarche-qualité" (cf, le Nouvel Âne, n°2). L'autorité d'un diplôme d'État semble être la solution de l'AFTCC pour faire rivaliser l'université avec Internet, en matière de bonheur. Ici, le problème de civilisation se doublera d'un profit économique substantiel.

2) Mais que fera va-t-on faire des 37000 psychologues de terrain aujourd'hui diplômés ? Que va-t-on faire des psychologues formés à la psychologie clinique et à la psychanalyse, et qui travaillent dans les secteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux, sans aucune efficacité selon le communiqué de l'AFTCC ? Tous ces psychologues, qui ne sont pas tous freudiens, sont tous l'enjeu de : la bureaucratisation politique introduite par l'ANAES, qui leur impose une fiche-métier constituée à partir d'un guide validé, nommé RAMSES (Site: Ministère de la santé, cliquer sur Ressources Humaines) ; du managérialisme enseigné à l'École Nationale de Santé Publique pour apprendre à " manager le social " ; du principe d'efficacité soi-disant démontré par la psychologie expérimentale dont la fine fleur sont les TCC.

Nous ne voulons pas de cette psychologie officielle qui s'est substituée à la psychologie expérimentale pour devenir évaluatrice dans le rapport de l'Inserm. Nous voulons continuer à nous autoriser de Freud, et à pratiquer la psychanalyse laïque appliquée à la thérapeutique.

Nous avons deux échéances devant nous :

- la date du 6 avril où devrait être voté l'Amendement Mattei que nous récusons ;

- la date des 22, 23 et 24 avril, des Entretiens de la psychologie que nous dénonçons et boycottons en tant qu'ils sont dans la ligne évaluatrice hygiéno-scientiste, c'est-à-dire cognitivo-comportementaliste, pilotée par la haute responsabilité médicale des représentants de l'AFTCC.

L'avenir de la " dimension psy " nous concerne. Nous en sommes responsables.
Nous nous élevons contre la médicalisation du champ psy, et contre la levée du secret de l'intime.
Nous ne pouvons pas admettre la formation unique, sous prétexte de l'Europe, sanctionné par un diplôme d'État formant aux TCC.
Nous n'accepterons la légalisation d'un code de déontologie des psychologues qu'à condition que nos libertés républicaines d'expression et de formation soient respectées.
Notre cauchemar, c'est l'ANAES et ses techniques d'évaluation statistique. Notre technique à nous, c'est l'interprétation freudienne. Nous savons qu'elle finit toujours par triompher.

Yasmine Grasser

Vous trouverez un appel à signatures dans notre déclaration qui est sur notre site : Psychologues Freudiens;



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