Vincent Lucas,
Psychologue
à
Monsieur Gouteyron, sénateur, Vice-Président du Sénat, Membre de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, Membre de l' Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé
Objet : amendement présenté par M. GOUTEYRON, Article 18 quater
Monsieur,
ayant appris que vous alliez proposez un amendement concernant les
psychothérapies, je porte à votre connaissance le communiqué suivant :
" Le Collège des psychologues de l'hôpital psychiatrique Paul Guiraud de
Villejuif, réuni ce mardi 16 décembre 2003, se prononce à l'unanimité pour le retrait de l'amendement Accoyer.
Contact : vilu@wanadoo.fr "
La précipitation avec laquelle est traité ce sujet me conduit à vous
proposer dans l'immédiat un commentaire personnel, précipité lui aussi.
Tout d'abord au sujet de cette précipitation. La succession des projets
d'amendement, de " plan d'actions " (dit Clery-Melin ‹ pour ne citer que le
dernier), qui visent à transformer notre pratique quotidienne, donne le
tournis, pour le dire simplement, et surtout laisse présager du pire.
Votre amendement présente des avancées claires sur le précédent, mais il continue à " mettre la charrue avant les boeufs ".
Vous avancez que " La psychothérapie constitue une discipline spécifique à part entière ".
Psychologue travaillant en hôpital psychiatrique, psychologue orienté par la psychanalyse, cette affirmation ne peut que m'inquiéter.
Inquiétude du point de vue de la psychiatrie, car les soins psychiques qui y sont dispensés sont l'oeuvre, véritablement, d'une équipe pluridisciplinaire.
Isoler dans ce cadre un " psychothérapeute " est d'abord une erreur
scientifique, et prêterait à une erreur thérapeutique. Le faire fait aussi
planer la menace d'une prochaine codification ou standardisation des
pratiques liées à la " recherche médico-économique " définie par le " plan
Clery-Melin ". Ces méthodes venues d'outre Atlantique, qui se prétendent
seules scientifiques, sont un leurre qui ne doit pas faire se fourvoyer ceux qui ont en charge la répartition des dépenses publiques. Elles voudraient faire oublier que notre pays est une bien meilleure référence en matière de psychiatrie, notamment par le lien qu¹elle a su garder avec la psychanalyse, qui attire des praticiens du monde entier.
Inquiétude du point de vue du psychologue orienté par la psychanalyse.
Rabattre la psychanalyse sur une méthode de psychothérapie, ce que vous ne faites pas, mais ce que produira à terme la création d'un " collège des psychothérapeutes psychanalystes ", est mettre en danger cette discipline, lui faire perdre sa force et finir par priver la civilisation de son apport, unique et essentiel.
Cette volonté d'isoler " une psychothérapie " produit déjà dans votre texte une grande confusion, pour les psychologues. Les " psychothérapeutes psychologues " n'existent pas (seul le titre de psychologue existe), comment créer leur collège ? Où les psychologues s'inscriront-ils, dans le collège des psychothérapeutes psychanalystes, pour ceux qui s'orientent de la psychanalyse, dans le collège des psychothérapeutes certifiés, pour ceux qui ont d'autres références, ou bien ces collèges leur seront-ils interdits du fait de la création du collège des psychothérapeutes psychologues ? Pourtant on voit bien la pertinence de ces quatre collèges, à condition qu'on leur retire le terme de " psychothérapeutes ". Il s'agit bien des professions concernées par ce qui se rassemble à première vue dans l'idée de " psychothérapie ". Ce sont les boeufs qui tirent la charrue " psychothérapie "
Ne croyez-vous pas qu'il serait plus raisonnable de remettre les choses dans l'ordre, et de prolonger le débat qui s'est ouvert avant de légiférer ?
En vous remerciant de l'attention que vous aurez bien voulu me prêter, je
vous prie d'agréer, Monsieur, l¹expression de mes sentiments dévoués et
respectueux.
Vincent Lucas
Copie à mes collègues
Psychologue
à
Monsieur Gouteyron, sénateur, Vice-Président du Sénat, Membre de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, Membre de l' Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé
Objet : amendement présenté par M. GOUTEYRON, Article 18 quater
Monsieur,
ayant appris que vous alliez proposez un amendement concernant les
psychothérapies, je porte à votre connaissance le communiqué suivant :
" Le Collège des psychologues de l'hôpital psychiatrique Paul Guiraud de
Villejuif, réuni ce mardi 16 décembre 2003, se prononce à l'unanimité pour le retrait de l'amendement Accoyer.
Contact : vilu@wanadoo.fr "
La précipitation avec laquelle est traité ce sujet me conduit à vous
proposer dans l'immédiat un commentaire personnel, précipité lui aussi.
Tout d'abord au sujet de cette précipitation. La succession des projets
d'amendement, de " plan d'actions " (dit Clery-Melin ‹ pour ne citer que le
dernier), qui visent à transformer notre pratique quotidienne, donne le
tournis, pour le dire simplement, et surtout laisse présager du pire.
Votre amendement présente des avancées claires sur le précédent, mais il continue à " mettre la charrue avant les boeufs ".
Vous avancez que " La psychothérapie constitue une discipline spécifique à part entière ".
Psychologue travaillant en hôpital psychiatrique, psychologue orienté par la psychanalyse, cette affirmation ne peut que m'inquiéter.
Inquiétude du point de vue de la psychiatrie, car les soins psychiques qui y sont dispensés sont l'oeuvre, véritablement, d'une équipe pluridisciplinaire.
Isoler dans ce cadre un " psychothérapeute " est d'abord une erreur
scientifique, et prêterait à une erreur thérapeutique. Le faire fait aussi
planer la menace d'une prochaine codification ou standardisation des
pratiques liées à la " recherche médico-économique " définie par le " plan
Clery-Melin ". Ces méthodes venues d'outre Atlantique, qui se prétendent
seules scientifiques, sont un leurre qui ne doit pas faire se fourvoyer ceux qui ont en charge la répartition des dépenses publiques. Elles voudraient faire oublier que notre pays est une bien meilleure référence en matière de psychiatrie, notamment par le lien qu¹elle a su garder avec la psychanalyse, qui attire des praticiens du monde entier.
Inquiétude du point de vue du psychologue orienté par la psychanalyse.
Rabattre la psychanalyse sur une méthode de psychothérapie, ce que vous ne faites pas, mais ce que produira à terme la création d'un " collège des psychothérapeutes psychanalystes ", est mettre en danger cette discipline, lui faire perdre sa force et finir par priver la civilisation de son apport, unique et essentiel.
Cette volonté d'isoler " une psychothérapie " produit déjà dans votre texte une grande confusion, pour les psychologues. Les " psychothérapeutes psychologues " n'existent pas (seul le titre de psychologue existe), comment créer leur collège ? Où les psychologues s'inscriront-ils, dans le collège des psychothérapeutes psychanalystes, pour ceux qui s'orientent de la psychanalyse, dans le collège des psychothérapeutes certifiés, pour ceux qui ont d'autres références, ou bien ces collèges leur seront-ils interdits du fait de la création du collège des psychothérapeutes psychologues ? Pourtant on voit bien la pertinence de ces quatre collèges, à condition qu'on leur retire le terme de " psychothérapeutes ". Il s'agit bien des professions concernées par ce qui se rassemble à première vue dans l'idée de " psychothérapie ". Ce sont les boeufs qui tirent la charrue " psychothérapie "
Ne croyez-vous pas qu'il serait plus raisonnable de remettre les choses dans l'ordre, et de prolonger le débat qui s'est ouvert avant de légiférer ?
En vous remerciant de l'attention que vous aurez bien voulu me prêter, je
vous prie d'agréer, Monsieur, l¹expression de mes sentiments dévoués et
respectueux.
Vincent Lucas
Copie à mes collègues
