La CNIL (Commission nationale Informatique et libertés) autorise quatre sociétés à utiliser un système d'identification par le contour de la main. Une biométrie qui limiterait les usages abusifs.
Si la Commission nationale Informatique et libertés tique toujours à propos de l'utilisation des empreintes digitales comme données d'identification, elle vient d'approuver sans réserve une autre technique biométrique : la reconnaissance d'une personne par le contour de sa main. Elle a en effet donné son aval à quatre sociétés et administrations qui voulaient mettre en place de tels systèmes. Depuis la modification d'août 2004 de la loi Informatique et Libertés, en effet, « les traitements automatisés comportant des données biométriques nécessaires au contrôle de l'identité des personnes » (article 25) doivent faire l'objet d'une demande d'autorisation. Avant, la Cnil se contentait d'exiger une déclaration.
Ce sont donc Carrefour Hypermarché, le FAI pour entreprises Claranet, un collège de la ville de Mandelieu - dans les Alpes-Maritimes - et la mairie de Gagny - en Seine-Saint-Denis - qui ont obtenu cette autorisation. En pratique, la personne qui veut s'identifier compose d'abord le code personnel qui lui a été attribué et applique sa main sur un lecteur. Le code correspond à une « clé biométrique », c'est-à-dire une suite de caractères synthétisant les mesures de la main (surface, température,...), associée à l'identité de la personne.
Ces mesures sont alors comparées à la main qui passe sur le lecteur. « Le système ne reconnaît pas l'individu à la main, précise-t-on à la mairie de Gagny. Il vérifie que le code correspond bien à l'individu qui met la main. » Une double sécurité, en quelque sorte. Et par le jeu des taux d'erreur acceptés, le système réussit à reconnaître une personne même si elle a grossi ou maigri. Au final, aucune image ou photographie de mains n'est conservée.
Pas de traces, pas de stockage des empreintes
« Autant pour les empreintes digitales on est attentif à beaucoup de choses, autant pour le contour de la main, du fait de la technique elle-même, cela ne pose pas beaucoup de questions », explique Christophe Pallez, secrétaire général aux affaires juridiques de la Cnil. Car le grand intérêt de cette donnée biométrique, au regard de la protection de la vie privée, est de ne laisser aucune trace.
Le contour de la main ne peut en général être récupéré que là où on le demande. Contrairement aux empreintes digitales ou à l'ADN dont on laisse des échantillons partout où l'on passe. « C'est pour cela que nous avons des réticences à la constitution de bases centrales d'empreintes digitales : on peut faire des rapprochements qui n'étaient pas prévus, on crée la possibilité d'un usage abusif. »
Impossible, en tout cas dans l'état actuel des techniques, avec les mesures de la main. «
C'était la grande inquiétude de la Cnil, confirme Olivier de Mattos, responsable juridique de Claranet, que les données enregistrées soient bien utilisées dans un but fixe ». Enfin, la Commission vérifie si ce moyen technique est bien adapté à l'usage qui va en être fait.
Des utilisations spécifiques
Ainsi, Carrefour et Claranet veulent sécuriser des locaux. Chez le premier, le système permet de contrôler l'accès à une zone où sont entreposés des produits de valeur ; chez le second, c'est l'accès au datacenter, de plus restreint à une certaine catégorie du personnel. A Mandelieu, le collège Les Mimosas va gérer les entrées à la cantine pour lutter contre la fraude. Et la mairie de Gagny a fait de la géométrie de la main un outil de gestion du temps de travail, en remplacement des badges trop souvent perdus.
« Ce système a un aspect très personnalisé , estime Cama Cissoko, directeur technique chez Claranet. Contrairement à un badge, on ne peut pas voler la main de quelqu'un ! Et ça oblige les gens à être présents physiquement. » Un élément essentiel pour la mairie de Gagny, puisque le dispositif sert à contrôler les horaires de travail : « Cela évite toute contestation » . Mais Claranet y a aussi trouvé un bel atout marketing à présenter aux clients en visite : « Cela fait un peu James Bond. On se comporte un peu comme une banque, c'est un signe que la sécurité est le point numéro un chez nous ».
Parmi les autres données biométriques généralement évoquées, la rétine n'inquiète pas non plus la Cnil puisqu'elle aussi est « sans trace ». En revanche, la Commission a quelques réserves sur l'iris de l'oeil. Il est en effet possible, dans certaines circonstances, de le capter à partir d'une photo, par exemple.
Par Arnaud Devillard , 01net., le 29/07/2005
Source : Site de 01.net